Un festival de théâtre traditionnel bambara relance la culture au Mali

C’est dans la cour d’une famille du quartier populaire de Bamako-coura qu’a eu lieu en décembre dernier le lancement du Festival Les Praticables. Lamine Diarra, directeur du festival, fait son entrée en tenant la main du chef du quartier, 92 ans. Dans le public, des femmes, des jeunes, des enfants. Passé, présent, futur sont rassemblés dans cet instant, coup d’envoi de dix jours de fête, de communion, de partage de savoirs. Dans les cours, aux intersections des rues, sur les places publiques, le koteba du IIIe millénaire est de retour. Le koteba? Une forme de théâtre traditionnel bambara jouée par les jeunes après la saison des récoltes, au sein de laquelle il était permis de critiquer les dysfonctionnements de la société. En 2023, le koteba des Praticables fait entendre sa voix bien au-delà des représentations.

«C’est un projet de société. Quel chapitre va ouvrir le Mali? Depuis 2012, un champ des possibles, c’est la culture», expose d’emblée Lamine Diarra. En 2012, le président Amadou Toumani Touré, dit ATT, est renversé. Depuis, le Mali vit une histoire mouvementée. Il est actuellement dans une période de transition, à la suite de deux coups d’Etat consécutifs et dirigé par cinq colonels dont le très populaire président Assimi Goïta. Des élections présidentielles étaient prévues en février, mais il y a deux mois, le gouvernement a décidé de les reporter à une date encore inconnue. Au nord et au centre du pays, deux factions terroristes islamistes antagonistes sèment la terreur sur les populations tout en se faisant la guerre entre elles. Bamako, enclavée, résiste. Mieux, elle se réinvente. «C’est dans les moments les plus difficiles d’un pays, à l’heure où l’on pense qu’il va tomber, qu’il va trouver l’énergie de se relever. Les choses magnifiques naissent du chaos», reprend le directeur de la manifestation.