Un groupe d’eurodéputés demande à la Commission européenne d’enquêter sur les abus contre les migrants en Grèce | International

Un groupe d’eurodéputés demande à la Commission européenne d’enquêter sur les abus contre les migrants en Grèce |  International
Des migrants afghans débarquent d’un bateau sur un rivage près du village de Skala Sikamias, sur l’île de Lesbos, en Grèce, en janvier dernier.GIORGOS MOUTAFIS (Reuters)

Les révélations d’EL PAÍS sur les exactions commises par des agents de la sécurité des frontières en Grèce contre des migrants en situation irrégulière, renvoyés illégalement en Turquie après avoir été dépouillés de leurs biens et de leur argent, ont suscité l’indignation à Bruxelles, où plusieurs députés européens ont immédiatement demandé à la Commission européenne d’enquêter sur ces et d’autres allégations que les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent depuis un certain temps dans l’un des points migratoires les plus controversés d’Europe. Les nouvelles plaintes – il y en a eu d’autres dans un passé récent – arrivent à un moment délicat : lorsque plusieurs pays, dont la Grèce, exigent un durcissement de la politique migratoire européenne et que la Commission finance des clôtures et des murs physiques.

La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen, présidée par le socialiste espagnol Juan Fernando López Aguilar, s’est empressée d’adresser une question aux commissaires aux affaires intérieures, Ylva Johansson, à son patron, le vice-président pour Valeurs et transparence, Vera Jurová, et également vice-présidente et commissaire à la promotion de notre mode de vie européen, la grecque Margaritis Schinas.

“La Commission européenne a-t-elle l’intention d’ouvrir une enquête formelle sur la véracité de ces accusations contre les autorités frontalières grecques et de faire appliquer le droit européen ?”, lit-on dans la question envoyée à Bruxelles le jour même où une délégation parlementaire est arrivée à Athènes pour analyser précisément “Allégations liées à l’état des titres européens en Grèce”. La mission LIBE, présidée par la Néerlandaise Sophie in ‘t Veld, a déjà décidé “d’intégrer la question” des révélations de ce journal dans ses rencontres avec le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, et d’autres autorités grecques, dont le Service de Greek Asylum, responsables locaux de Frontex et ONG, s’est avancé vers EL PAÍS López Aguilar, qui abordera également cette question lors de ses entretiens avec Johansson la semaine prochaine lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg.

« Il existe une base d’empathie pour la souffrance de l’administration grecque et de ses forces de sécurité face à une situation aussi difficile. [como es la frontera con Turquía]», assure le socialiste espagnol. Mais la question de la migration est un “problème chronique” en Grèce et, en aucun cas, “aucune collusion avec des violations des droits de l’homme ne peut être autorisée, car toutes les ONG qui travaillent dans la région signalent en permanence”, prévient López Aguilar, pour qui ils sont “intolérables” les plaintes des témoins qui se sont entretenus avec EL PAÍS et les médias grecs Salomon.

La question écrite à la Commission envoyée ce lundi est la deuxième en quelques jours que la commission parlementaire pour la justice adresse à l’exécutif européen concernant la politique migratoire hellénique. Après un rapport de Le New York Times à la mi-février le refoulements (retours illégaux de migrants) par les autorités grecques, López Aguilar a déjà envoyé une autre lettre à la Commission demandant si elle est disposée à ouvrir un dossier disciplinaire pour ces politiques et, également, si la Commission a l’intention de “conditionner” les fonds d’asile et de migration à Athènes pour se conformer aux lois internationales et européennes en la matière.

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A ces lettres s’ajoute désormais une troisième, préparée par les eurodéputés espagnols Ernest Urtasun (Catalunya en Comú, affilié à Los Verdes à Bruxelles), Sira Rego (IU) et María Eugenia Rodríguez Palop (Podemos), qui ont également demandé à la Commission, après les révélations d’EL PAÍS, s’il envisage d’ouvrir une enquête “pour vérifier si ces événements se déroulent en Grèce” et s’il envisage de déployer toute mesure, en Grèce et aux autres frontières extérieures, pour “surveiller cette violation des droits fondamentaux” . Les trois Espagnols veulent aussi savoir si la Commission européenne “considère que le déploiement des fonds européens dans les zones frontalières est compatible avec la pratique du vol d’argent et d’objets de valeur aux migrants”, selon le texte, auquel ils ont eu accès dans ce journal. .

La Commission européenne dispose d’un délai de deux mois pour répondre à ce type de questions écrites des parlementaires, même s’il n’est pas rare que cela prenne plus de temps. Des sources communautaires soulignent que, en particulier en matière d’immigration, la liste des requêtes et des exigences est généralement plus longue que d’habitude.

Dans une première réponse officielle, une porte-parole de l’exécutif européen s’est limitée ce lundi à rappeler qu’une gestion efficace des frontières doit être “enracinée dans le respect des droits fondamentaux, dont la dignité humaine, et du principe de non-refoulement” et a rappelé que les États membres “doivent respecter leurs obligations” en la matière.

D’autre part, et bien qu’il ait souligné que ce sont les autorités grecques elles-mêmes qui, en premier lieu, doivent enquêter sur ces questions, il a rappelé que la Commission était en “contact étroit” avec les autorités grecques depuis un certain temps au sujet d’accusations de ce type qui se sont traduits, a-t-il dit, par un renforcement des contrôles internes avec plusieurs “enquêtes en cours” tant par les agents frontaliers que par les garde-côtes, entre autres. En outre, la commissaire Johansson mène des “entretiens approfondis” avec les autorités grecques à ce sujet, a-t-elle ajouté, sans en divulguer le contenu.

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