un macro studio met de nouvelles cartes dans le jeu

un macro studio met de nouvelles cartes dans le jeu

2023-05-18 20:48:26

L’annonce par mon équipe en 2022 de la découverte d’implantations de sapiens à Grotte Mandrin, dans le sud de la France, il y a 54 000 ans, reculaient de 12 millénaires les premières migrations de ces populations sur le continent européen. La découverte suggérait que nous avions manqué des éléments fondamentaux pour expliquer la première colonisation de l’Europe de l’Est. Un homme sage.

Début mai 2023 j’ai publié un macrostudio dans la revue scientifique PlosOne qui expose une profonde réécriture de ce moment clé de l’histoire européenne. Nous avons pu montrer que la colonisation de l’Europe par sapiens il s’est produit en trois grandes vagues de peuplement entre 54 et 42 000 ans.

La vague d’il y a 42 000 ans a été considérée comme la première colonisation du continent, mais ce serait en réalité la dernière. L’impulsion finale d’un processus beaucoup plus ancien reliant l’Europe à la Méditerranée orientale, dont la compréhension nous aurait totalement échappé.

Le résultat de l’analyse a un impact profond sur nos conceptions de la colonisation de l’Europe et sur l’histoire des populations aborigènes néandertaliennes, dont l’extinction semble coïncider assez précisément avec la troisième vague. sapiensmarquant la fin d’un très long processus, qui s’étend sur plus de 12 millénaires, et dont on commence seulement à entrevoir les grands tournants.

Représentation des trois vagues de migration sapiens une Europe.
Ludovic Slimak, Fourni par l’auteur

la première vague

Jusqu’en 2022 semblait établi que les premières migrations de sapiens Ils se sont installés en Europe il y a entre 45 et 42 000 ans, s’installant dans des territoires occupés exclusivement, et depuis des centaines de millénaires, par les Néandertaliens. Mais nos travaux de 2022 révélé qu’il y a 54 000 ans il y avait déjà sapiens installés dans le sud de la France. Ils devaient donc arriver plus tôt.

L’étude a présenté l’analyse de neuf dents découvertes dans la grotte de Mandrin, dans la vallée du Rhône, et a montré qu’elles étaient toutes des Néandertaliens. Cependant, l’étonnante culture néronienne, liée à plusieurs gisements du Rhône, et basée sur l’obtention systématique de petites pointes de silex étonnamment standardisées, doit être associée à la sapiens archaïque.

Déjà en 2004 nous avions reconnu ces traditions néroniennes, en soulignant leur caractère remarquablement moderne du point de vue technique, mais sans pouvoir analyser leur origine précise ni si elles étaient l’œuvre de Néandertaliens ou sapiens.

L’étude de 2022 a également révélé des liens puissants dans les traditions artisanales de ces populations. sapiens du Néronien de la vallée du Rhône et du Paléolithique supérieur ancien (IUP) reconnu en Méditerranée orientale (Proche-Orient).

Lors d’un séjour d’études de plusieurs mois à Harvard en 2016, j’étais tombé nez à nez avec ces fameuses collections IUP de Méditerranée orientale. J’étudiais l’immense séquence archéologique de Ksar Akil, située sur les pentes du Mont Liban, qui, avec ses 22 mètres de relevés archéologiques, était la plus complète d’Eurasie sur les derniers Néandertaliens et les premiers sapiens.

Dégagement des niveaux archéologiques de la grotte du Mandrin.
Ludovic Slimak, Fourni par l’auteur

Lors de l’analyse de l’artisanat des sapiens J’ai été étonné de découvrir ses similitudes techniques avec les pointes en silex néroniennes. Ma confrontation avec les traditions techniques de ces sapiens Les Orientaux n’offraient qu’une seule conclusion possible : le Néronien et le Levantin IUP représentent une même tradition technique, marquant ici une avancée très précoce par rapport au sapiens vers l’Europe occidentale.

Cette conclusion la Je posté dès mon retour de Harvard, en 2017 et 2019, cinq ans avant de rendre publique l’étude des fameuses neuf dents découvertes dans la grotte de Mandrin, mais, surtout, deux ans avant que Clément Zanolli (chercheur au CNRS UMR PACEA) n’ait dans ses mains la première de ces dents pour analyse.

Les conclusions Celles auxquelles Zanolli est arrivé coïncidaient avec les miennes, et il y était arrivé de manière complètement indépendante, dans un méthode en double aveugle.

La proposition de présence sapiens Very Ancient s’appuyait pour Zanolli sur la découverte remarquable de dents humaines anciennes et, en même temps, il proposait une approche structurelle et globale, comparant les traditions artisanales néandertaliennes et néandertaliennes. sapiens avec des études transméditerranéennes.

Donc, nous avons ici la première vague sapiens vers l’Europe, ce qui démontre l’existence d’anciennes migrations qui ont atteint l’ouest du continent il y a déjà 54 000 ans.

la troisième vague

La troisième vague est reconnue depuis plusieurs décennies. Jusqu’à récemment, elle était considérée comme la première grande vague sapiens vers l’Europe. Nous sommes il y a environ 42 000 ans. Cette vague renvoie aux traditions dites aurignaciennes, dont les premières expressions sont communément qualifiées de proto-aurignaciennes.

Son attribution repose également sur une poignée de dents humaines seulement, mais le lien des traditions aurignaciennes avec la sapiens ne permet pas non plus les doutes. Cette technologie a des équivalents très précis au début Ahmaran, l’époque où l’homme se répandait à travers le Levant.

Dans ce jeu de corrélations entre Orient et Occident, les impressionnantes archives archéologiques de Ksar Akil jouent une fois de plus un rôle important.

Lors de mes recherches à Harvard au Peabody Museum en 2016 j’étudiais l’ensemble de ces collections. Encore une fois, demandez-vous. Les corrélations établies au cours des vingt dernières années entre l’Orient et l’Occident, entre le Proto-Aurignacien et l’Ahmarien ancien de Ksar Akil, étaient manifestement erronées.

Ces liens avaient été établis principalement sur des bases bibliographiques et avec peu d’informations directes. Ce que j’ai vu à Ksar Akil ne ressemblait en rien au Proto-Aurignacien européen. Cependant, à Ksar Akil un Proto-Aurignacien très classique a pu être reconnu, mais à des niveaux archéologiques beaucoup plus récents que ceux prédits jusqu’alors par notre communauté scientifique. Avouons-le. Avouons-le. Nous aurions ici plus qu’une réaffirmation des liens supposés entre l’Europe et le Levant.

Mais quelque chose d’encore plus intéressant émergeait. A Ksar Akil, entre le Paléolithique supérieur initial, le Néronien levantin et l’équivalent du Proto-Aurignacien, il y a quelque chose. Pas moins de huit niveaux archéologiques séparent le PIO (la première vague) de Ksar Akil des éléments archéologiques correspondant à la troisième vague. Dans cette séquence archéologique, des chronologies très fines sont rarement accessibles en raison de la moindre qualité de conservation des restes osseux dans ces régions climatiquement chaudes, mais ces huit niveaux archéologiques ont tout lieu de se référer à une temporalité de plusieurs millénaires.

Ces collections nous offrent un regard inattendu sur ce qui semble correspondre aux traditions culturelles d’une deuxième vague de sapiens vers le continent européen.

la deuxième vague

A Ksar Akil, entre l’IUP et l’équivalent du Proto-Aurignacien, des milliers de silex nous montrent un artisanat basé sur la production de “pointes à dos mousse”. Ces niveaux archéologiques levantins dits Paléolithique supérieur ancien (PUP, littéralement Paléolithique supérieur ancien) de Ksar Akil, avec leurs pointes à dos aplati, évoquent techniquement, très précisément, et remarquablement ce qu’en Europe occidentale on appelle le Châtelperronien, des traditions bien connues attestées. de la Bourgogne à l’Espagne et généralement attribuée… aux Néandertaliens.

Similitudes de silex entre les gisements de Mandrin et de Ksar Akil. Dessins de Laure Metz et Ludovic Slimak.
Ludovic Slimak, Fourni par l’auteur

La Châtelperroniense fait partie des industries dites de « transition » qui marqueront l’entrée dans la modernité des populations néandertaliennes, avec des lames, des éclats et des parures en os ou en ivoire. Mais les restes humains y sont également rares et plusieurs chercheurs ont déjà souligné que cette attribution néandertalienne était incertaine, sans pouvoir en explorer l’origine précise (populations ? sapiens ? populations métisses ?) et sans pouvoir établir de liens techniques, géographiques ou culturels précis entre le Châtelperronien et les traditions sapiens reconnu ailleurs en Eurasie.

La comparaison avec les données levantines du site de Ksar Akil crée pour la première fois ce pont très précis entre Châtelperronien et sapienssituant ces industries dans un contexte culturel bien défini et spécifique des populations sapiens de la Méditerranée orientale. La proximité entre le Châtelperonien européen et l’EUP de Ksar Akil permet enfin de proposer une origine culturelle et géographique bien circonscrite, et en aucun cas néandertalienne, au Châtelperonien européen.

Nous avons ici, avec le Chatelperroniense, notre deuxième vague sapiens.

Repenser les mutations de l’humanité en Europe

Cette distinction de trois vagues sapiens en Europe affecte tous nos cadres interprétatifs raffinés tout au long du XXe siècle, mais dont la structure historique assez simple (Néandertal, plus tard sapiens avec une supposée phase d’acculturation néandertalienne entre les deux) était restée inchangée dans sa colonne vertébrale depuis le début du XXe siècle.

Ainsi, l’étude que nous venons de publier dans PlosOne montre également qu’au Levant ces 3 traditions artisanales levantines passent très progressivement, au fil des millénaires, de l’IUP à l’EUP et enfin à l’équivalent du Proto-Aurignacien, nous confrontant ici avec les évolutions graduelles d’un même groupe culturel.

Les trois impulsions migratoires vers l’Europe représenteraient ainsi des mouvements de sapiens d’un même substrat culturel levantin.

Concernant les Néandertaliens, la proposition de réaffecter le Châtelperronien à certaines populations sapiens dont les traditions sont bien définies et ont des racines levantines affecte profondément notre propre vision de l’organisation des sociétés néandertaliennes au moment de l’arrivée des sapiens en Europe. C’est aussi une profonde réécriture de nos schémas et de notre compréhension de ces populations humaines fossiles.

Peut-être, au final, les Néandertaliens ont-ils disparu sans rien changer fondamentalement à leurs manières ancestrales d’être au monde.

Nous vivons un moment passionnant de profond remodelage des connaissances qui nous permet non seulement de repenser les moments clés de l’histoire de notre continent mais, plus profondément, de faire face à ce que signifie être humain face à la longue histoire des autres humanités. , aujourd’hui disparu.



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