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un meurtre, plusieurs plaintes et enquêtes

un meurtre, plusieurs plaintes et enquêtes

Le 2 mars 2022, l’agression mortelle d’Yvan Colonna en prison, où il purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Érignac, stupéfiait la Corse, déclenchant manifestations et violences jusqu’à la main tendue politique de l’État, prêt à discuter autonomie.

Victime de Franck Elong Abé, un Français d’origine camerounaise de 36 ans, radicalisé et passé par l’Afghanistan, le militant indépendantiste corse de 61 ans a été étranglé alors qu’il se trouvait dans la salle de sport de la prison d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône. Son agresseur purgeait une peine de neuf ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs en vue de préparer un acte de terrorisme.

Cette agression a provoqué aussitôt une explosion de colère en Corse, où Yvan Colonna demandait de longue date à purger sa peine, avec des manifestations souvent violentes et un mot d’ordre omniprésent, l’« État français assassin ». Ces heurts ont culminé en émeutes le 13 mars à Bastia avec 102 blessés, dont 77 parmi les forces de l’ordre.

Deux enquêtes judiciaires

Après avoir violemment agressé Yvan Colonna, Franck Elong Abé est mis en examen le 6 mars 2022 pour tentative d’assassinat terroriste. L’homme de 36 ans, radicalisé, condamné à plusieurs peines dont une de neuf ans pour association de malfaiteurs terroriste, affirme que le militant corse aurait blasphémé et « mal parlé du Prophète ».

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Après le décès du militant indépendantiste, le 21 mars, la mise en examen de son agresseur est requalifiée en « assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».

Une seconde enquête a également été ouverte, pour violation du secret de l’instruction, après la diffusion le 17 mars 2022 par France 3 Corse de dix photos tirées de la vidéo de la tentative d’assassinat enregistrée par une caméra de surveillance de la prison.

Une inspection administrative

Après l’agression, le gouvernement réclame un rapport à l’Inspection générale de la justice. Il lui est remis le 28 juillet et conclut à des « manquements » de la part d’un surveillant et de l’ex-directrice de la prison, en poste jusqu’à dix jours avant l’agression.

Selon l’IGJ, le surveillant chargé de l’aile où se trouvait l’indépendantiste corse a fait preuve d’un « net défaut de vigilance » en restant « sans aucun motif éloigné » du lieu des faits, qui ont duré neuf minutes.

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Quant à l’ancienne cheffe d’établissement, la mission pointe « l’insuffisance » de son management et l’absence de « gestion appropriée » des commissions d’évaluation de la dangerosité des détenus.

La Première ministre Élisabeth Borne annonce dans la foulée « le déclenchement de procédures disciplinaires » et vouloir « suivre l’intégralité » des douze recommandations du rapport, dont six visent à « renforcer (…) la surveillance des salles d’activités » de la prison et à améliorer son dispositif de vidéosurveillance.

Une commission d’enquête parlementaire

Le 23 novembre 2022, les députés votent la création d’une commission d’enquête sur l’agression mortelle. Elle souhaite « étudier la genèse et les conditions dans lesquelles le statut de détenu particulièrement signalé a été maintenu » pour Yvan Colonna, ce qui empêchait son transfèrement dans une prison corse.

Elle entend également faire la lumière sur « les conditions dans lesquelles » le meurtrier présumé « a pu bénéficier d’un classement en détention ordinaire (…) et ne pas être soumis aux étapes de détection de la radicalisation en milieu carcéral ».

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Le 1est février, le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a justifié ce dernier point devant la commission : sa « dangerosité » étant « avérée », l’évaluation était « inutile ». La commission, dont des membres ont visité lundi la prison d’Arles, rendra ses travaux d’ici fin mai.

Une plainte contre l’État

Début avril 2022, la famille d’Yvan Colonna dépose plainte contre l’État, considérant « que l’administration pénitentiaire est juridiquement responsable de son décès ».

Dans cette requête, le montant total du préjudice de la famille, suite au décès d’Yvan Colonna le 21 mars, est évalué à un million d’euros. Pendant l’été, l’État propose environ 240 000 euros au total aux membres de la famille, parmi lesquels les parents d’Yvan Colonna et ses deux enfants.

« Aujourd’hui l’ensemble des membres de la famille ont accepté la proposition », a détaillé vendredi Me Patrice Spinosi, même si la plainte n’a pas encore été retirée, en attendant que des questions sur la succession d’Yvan Colonna se règlent.

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