L’ascension fulgurante de TikTok, d’une application de partage de vidéos de niche à un géant mondial des médias sociaux, a suscité un examen minutieux, en particulier en raison de ses liens avec la Chine.
A Washington, la plateforme a été accusée d’espionnage.
L’Union européenne soupçonne qu’il a été utilisé pour influencer l’élection présidentielle roumaine en faveur d’un candidat d’extrême droite.
Et voilà que l’Albanie l’interdit depuis un an, le Premier ministre Edi Rama le qualifiant de « voyou du quartier ».
Voici les principales polémiques autour de TikTok.
Albanie : interdiction minimale d’un an
Le Premier ministre albanais Edi Rama a déclaré samedi que le gouvernement fermerait le réseau social TikTok pendant au moins un an à partir de 2025.
Cette décision intervient moins d’un mois après qu’un étudiant de 14 ans a été tué et un autre blessé lors d’une bagarre près d’une école à Tirana.
Le combat s’est développé à partir d’une confrontation en ligne sur les réseaux sociaux.
Roumanie : campagne d’influence suspectée
L’UE cherche à savoir si la victoire surprise du candidat d’extrême droite Calin Georgescu au premier tour de l’élection présidentielle roumaine a été favorisée par l’ingérence russe et le « traitement préférentiel » de TikTok.
Il s’agit de la troisième enquête ouverte par la commission contre TikTok, qui risque des amendes pouvant atteindre 6 % de son chiffre d’affaires mondial.
États-Unis : pression vendeuse
Les États-Unis ont adopté en avril une loi obligeant le propriétaire chinois de TikTok, ByteDance, à vendre la plateforme d’ici le 19 janvier au motif qu’elle permettait à la Chine d’accéder aux données des utilisateurs américains.
Dans le cas contraire, la plateforme serait interdite aux États-Unis, privant ainsi TikTok de ses 170 millions d’utilisateurs revendiqués dans ces pays.
TikTok a admis que les employés de ByteDance en Chine avaient accédé aux données des Américains, mais a nié avoir fourni ces données aux autorités chinoises.
Pour protéger les données, le gouvernement américain, la Commission européenne et le gouvernement britannique avaient déjà interdit TikTok des appareils de travail de leurs employés en 2023.
Australie : interdiction pour les adolescents
TikTok faisait partie des nombreuses plateformes ciblées par une loi historique adoptée en Australie en novembre interdisant aux moins de 16 ans d’accéder aux réseaux sociaux.
Les entreprises de médias sociaux qui ne respectent pas la loi s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 50 millions de dollars australiens (32,5 millions de dollars américains) pour « violations systémiques ».
TikTok s’est dit « déçu » par la législation australienne, affirmant qu’elle pourrait pousser les jeunes vers les « coins les plus sombres d’Internet ».
Près d’un tiers des utilisateurs de TikTok ont entre 10 et 19 ans, selon l’agence Wallaroo.
UE : abandon de la fonctionnalité d’engagement
En août, la société, sous la pression des régulateurs européens, a été contrainte d’abandonner une fonctionnalité de son spin-off TikTok Lite en France et en Espagne, récompensant les utilisateurs pour le temps passé devant leurs écrans.
Dans ce programme de récompenses, les utilisateurs âgés de 18 ans et plus pouvaient gagner des points à échanger contre des biens comme des bons ou des cartes cadeaux en aimant et en regardant des vidéos.
L’UE l’a accusé d’avoir potentiellement des « conséquences très addictives ».
Les fonctionnalités d’édition et l’algorithme puissant de TikTok lui ont permis de garder une longueur d’avance, attirant une armée de créateurs et d’influenceurs et créant plusieurs des siens.
Les employés de TikTok et ByteDance augmentent également manuellement le nombre de vues sur certains contenus, selon un rapport de Forbes.
TikTok a déclaré que la promotion manuelle n’affecte qu’une infime fraction des vidéos recommandées.
Désinformation
L’application est régulièrement accusée de mettre les utilisateurs en danger avec la diffusion de vidéos « challenge » hasardeuses.
Plusieurs enfants seraient morts en tentant de reproduire le soi-disant défi du black-out, qui consiste à retenir sa respiration jusqu’à ce qu’il s’évanouisse.
Et environ un cinquième des vidéos sur des sujets d’actualité tels que l’invasion russe de l’Ukraine se sont révélées fausses ou trompeuses, selon une étude du groupe de désinformation NewsGuard.
L’AFP, ainsi que plus d’une douzaine d’organisations de fact-checking, sont rémunérées par TikTok dans plusieurs pays d’Asie et d’Océanie, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Amérique latine hispanophone pour vérifier, en modération interne, les vidéos contenant potentiellement de fausses informations. Les vidéos sont supprimées par TikTok si l’information s’avère fausse par les équipes de l’AFP.
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