2024-11-29 18:38:00
Les skippers au budget serré ont aussi des aventures à vivre au large, comme le Genevois Alan Roura : il a lui aussi vécu des mois dans un van ou dormi dans un containers sur un matelas gonflable.
Oliver Heer est heureux. Il a franchi l’équateur et met désormais le cap sur le Cap de Bonne-Espérance. Il était dernier du Vendée Globe, loin derrière, à la 35ème place sur 40 marins au départ. Ce stage porte sur ce qui est possible pour le nouveau venu et premier Suisse alémanique de réaliser un tour du monde en solitaire.
La participation de Heer à la régate a longtemps été sur le fil du couteau. Parce que pendant des mois, il lui manquait le sponsor principal qui pourrait rendre l’aventure possible. L’été dernier, il a trouvé une entreprise familiale suisse du secteur de la santé, basée dans sa ville natale, prête à soutenir sa campagne avec un montant élevé à six chiffres.
Heer est resté longtemps sans salaire et a investi son propre argent dans son objectif de faire le tour du monde en mode course. Beaucoup de ses concurrents ont eu le même problème. Le financement d’un tel projet peut nécessiter un processus s’étalant sur plusieurs années.
🛥️🗺️ Nous en sommes à 2 semaines #VendéeGlobeun tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance #yacht course. @FRANCE24@StuartNoval de s’est entretenu en direct avec le concurrent et le skipper @OliverHeerOHOR du milieu de l’océan Atlantique sur #F24WorldAujourd’hui 👇 pic.twitter.com/bWzNHhnoEG
— FRANCE 24 English (@France24_en) 25 novembre 2024
Les grandes équipes de course avec des sponsors solvables disposent de budgets de l’ordre de plusieurs millions de dollars.
En ce millénaire, la scène offshore internationale se professionnalise de plus en plus, avec comme point d’orgue le Vendée Globe, qui a lieu tous les quatre ans. Les grandes équipes de courses avec des sponsors solvables dominent la scène ; Ils disposent de budgets de l’ordre de plusieurs millions de dollars. Treize nouveaux voiliers Open 60 sont présents sur le Vendée Globe actuel, au prix de sept millions d’euros chacun.
Ce sont aussi les marins financièrement puissants qui sont presque toujours en tête et décideront entre eux de la victoire. Mais les bateaux de deuxième génération ne sont pas bon marché non plus : l’Open 60 de Justine Mettraux de Genève a coûté plus de quatre millions d’euros. Les nouveaux foils, payés par un mécène privé, ont coûté un million d’euros.
Pour ceux qui disposent d’un petit budget, la situation ne s’annonce pas rose. Ces marins, comme de nombreux cinéastes, sont constamment à la recherche d’argent pour réaliser de grands rêves. Les dettes s’accumulent, les salaires sont à peine payés, les amis aident au travail à bord – des économies sont réalisées partout. On se souvient surtout de l’exemple du Romand Bernard Stamm, encore endetté à cause de ses aventures nautiques : à la fin des années 1990, il construisait son premier Open 60 avec l’aide des villageois de Lesconil.
Alan Roura a acheté ce bateau il y a neuf ans pour son premier Vendée Globe. Le Genève est un excellent exemple de la façon dont les marins océaniques rongent littéralement la faim pour atteindre leurs destinations. Roura a vécu des mois dans un van avec Aurélia, sa petite amie de l’époque et aujourd’hui mère de ses enfants. Plus tard, à Lorient, il a dû vendre sa moto pour payer le premier mois de frais d’amarrage de son Open 60. Il vivait alors dans un conteneur de vingt mètres carrés où il n’y avait rien d’autre qu’un endroit pour dormir : un matelas gonflable.
Mais le jeune homme à la barbe noire et au sourire charmeur a été bien accueilli. Roura a trouvé un sponsor national et un budget de 300 000 euros qui lui ont permis de participer en tant que plus jeune marin du Vendée Globe de l’époque.
Les marins qui entreprennent un effort financier important pour faire le tour du monde à la voile ne sont pas rares : Tanguy Le Turquais a par exemple investi 10 000 euros d’épargne et contracté un emprunt de 400 000 euros pour acheter un Imoca d’occasion mais puissant pour un million d’euros d’achat. Un groupe d’investisseurs a financé le reste.
Mais l’achat d’un bateau ne s’arrête pas là : les coûts d’exploitation sur plusieurs années sont au moins aussi élevés. Ils varient et peuvent aller jusqu’à dix millions d’euros pour les équipes les plus solvables. A cela s’ajoutent au Vendée Globe des frais d’inscription d’un bon 60 000 euros et l’assurance du bateau, qui s’élève généralement à huit à dix pour cent de la valeur du bateau. Les régates de qualification sont également un facteur de coût.
Il existe également d’énormes différences au niveau des salaires ; l’écart est important. Environ deux douzaines de marins de haut niveau gagnent des salaires annuels à six chiffres ; dans le milieu, c’est ce qu’on appelle des « salaires de direction ». Justine Mettraux n’arrive pas (encore) à suivre : un magazine professionnel français indique que son salaire est de 5 000 euros net par mois.
Convoyage ✅
L’@ImocaGS @TeamWork_VM Team Snef est amarré aux Sables D’Olonne pour 3 semaines
🔜 départ du @VendéeGlobe le 10/11 🤩🎥Gauthier Lebec See More pic.twitter.com/w6PPi1cL6V
— Justine Mettraux (@JustineMettraux) 20 octobre 2024
Le vainqueur du Vendée Globe reçoit 200 000 euros
Antoine Mermod, responsable de la classe Imoca, déclare : “Le métier de skipper est précaire et difficile.” Certains « ont pris des risques financiers majeurs ». Cela ressort également d’une enquête réalisée par le quotidien français « Ouest-France » auprès des participants du Vendée Globe ; 24 des 40 skippers y ont participé. Selon ce rapport, près de 46 pour cent gagnent plus de 45 000 euros par an, la majorité gagne moins. Certains perçoivent moins de 15 000 euros par an.
Ces chiffres le montrent clairement : quiconque se lance dans la voile ne le fait pas pour devenir riche. Le prize money est également plutôt modeste par rapport à d’autres sports comme le football ou le tennis : le vainqueur du Vendée Globe reçoit 200 000 euros, le finaliste reçoit 140 000 euros. Un prix total de 800 000 euros est disponible.
Même les marins qui ont obtenu de bons résultats tout au long de leur carrière doivent souvent attendre longtemps avant de réaliser leur rêve de participer au Vendée Globe. Le Français Nicolas Lunven, dont la campagne est financée par la société suisse Holcim et qui a récemment pris la cinquième place, a déjà échoué deux fois. Maintenant, il a dit à la NZZ. « Le plus difficile a été de réaliser ce projet. »
Joyeux anniversaire @nicolunven ! 🎉 Il fête ses 42 ans en mer, avec une belle 5e place au classement ! pic.twitter.com/hZbOxJPzbT
— Vendée Globe (@VendeeGlobe) 28 novembre 2024
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