2024-11-13 03:08:00
Les élections aux États-Unis ont abouti à la victoire sans équivoque d’un courant qui proclame deux principes fondamentaux :
- « L’Amérique d’abord » – L’Amérique doit se concentrer sur ses intérêts et intervenir sur la scène internationale uniquement dans la mesure où elle estime que ces intérêts sont affectés négativement.
- « Make America Great Again » – changer les règles de fonctionnement de l’économie et de la société nord-américaines par la récupération de la production nationale au détriment des importations, avec une sous-évaluation des critères d’organisation économique qui rendent plus coûteuse la production nationale (durabilité, protection de l’environnement…), et la facilité de circulation des biens et des capitaux qui a contribué au déplacement des investissements et de la production vers d’autres sites, avec pour conséquence la perte d’emplois, en particulier dans les secteurs industriels.
Cette position n’est pas nouvelle. Le protectionnisme économique et le manque d’intérêt à s’impliquer dans les problèmes qui se développent sur la scène internationale ont longtemps été des principes fondamentaux dont les États-Unis ne se sont écartés qu’après la Seconde Guerre mondiale et qui n’ont jamais été oubliés. Il faut en effet reconnaître que cette position est légitime.
Mais la fermeté avec laquelle Donald Trump (et, par extension, le Parti républicain) affirme sa vision de la position des États-Unis dans le monde, indique que le cadre déterminant de la politique internationale à l’échelle mondiale établi à la fin de la Seconde Guerre mondiale La guerre mondiale a ses jours sérieusement comptés, si en pratique elle n’est pas déjà terminée.
Trump a une vision conflictuelle et intéressée de la politique internationale. Il ne croit pas aux alliances – ou plutôt, il y croit, tant qu’elles lui permettent d’arriver à ses fins. Dans ce contexte, l’OTAN n’a pour lui aucun sens car elle a pour objectif la défense de l’Europe.
Trump se rend désormais compte que le centre de gravité politique et économique de la planète s’est déplacé de l’Atlantique vers le Pacifique et l’océan Indien, en raison de la croissance de la puissance économique et militaire de l’Inde et de la Chine (et d’autres), qui ont été prendre du poids dans le contexte mondial. L’Europe, qui ne s’opposera jamais militairement aux États-Unis, n’a plus de valeur stratégique pour Trump et aura donc tendance à dévaloriser l’OTAN, qu’elle considère comme un fardeau et non comme une source d’avantages.
De plus, Trump reconnaît que la Russie a historiquement eu certains intérêts stratégiques dans au moins certaines régions d’Europe. Rappelons ce qu’il a dit sur la possibilité d’assurer la défense des membres de l’OTAN qui n’ont pas leurs contributions à jour – « que la Russie en fasse ce qu’elle veut ».
Pour l’Europe, c’est dramatique. Les États-Unis ne seront plus un allié fiable et l’Europe devra survivre dans cette situation. nouvel ordre mondial multilatéraldans lequel plusieurs pays ayant une taille géographique ou un poids économique et militaire suffisants s’affronteront directement, avec des alliances tactiques momentanées, cherchant un rôle de suprématie régionale – puisqu’au niveau mondial aucun d’entre eux n’y parviendra, car tous les autres seront leur adversaires.
L’Europe devra « grandir » pour devenir l’un de ces acteurs majeurs. Cela signifie évoluer vers la construction d’un modèle dans lequel les responsabilités en matière de politique étrangère et de défense sont transférées vers un système commun et centralisé. Cela l’obligera à dépasser le modèle de l’Europe des nations, qui devra être remplacé par un modèle fédéral. Difficile, certes, mais inévitable.
Ou bien, dans moins de 50 ans, les jeunes Européens seront dans les écoles pour lire Tolstoï, Dostoïevski et Pouchkine dans leur version originale.
L’auteur écrit selon l’orthographe ancienne.
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