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Un Othello d’opulence turgescente

Un Othello d’opulence turgescente

2023-06-01 07:49:59

Annoncé à son arrivée avec une grande jubilation par le maire Dario Nardella, le surintendant du Teatro del Maggio Musicale Fiorentino Alexander Pereira, est, après trois ans, invité par le même à quitter les lieux. Les comptes ne s’additionnent jamais, il semble que Pereira ait dépensé plus qu’il n’aurait dû (cependant il a apporté d’importants parrainages privés, et des artistes de premier rang, nouveaux à Florence), et donc il doit partir. Il le fait, invoquant des raisons de santé. Mais Nardella, qui est président du Teatro del Maggio, où étaient son comité directeur, les trois auditeurs, chaque fois que Pereira présentait les budgets, qu’ils approuvaient ensuite ? Le ministre Sangiuliano envoie Onofrio Cutaia comme commissaire extraordinaire : les coûts doivent être réduits, et le programme du Festival del Maggio est également drastiquement réduit.

Othello de Verdi réalisé par Valerio Binasco

Après le concert inaugural de Gatti (avec un Strauss de Vita d’eroe flamboyant) et Don Giovanni de Mozart récupéré de Pesaro année 2017 (direction polie et avec quelques idées intéressantes de Giorgio Ferrara, malheureusement décédé il y a quelques jours), c’était récupéré Othello de Verdi réalisé par Valerio Binasco. C’est le spectacle né fin 2020 en pleine pandémie, monté sans public dans la salle et avec toutes les distances et précautions nécessaires. Il a été filmé par des caméras et des micros, pour être maladroitement diffusé par la RAI 5. De la distribution originale (choisie par Pereira) ne restait que Luca Salsi, le sournois Jago qui sculpte les mots avec une cruauté incisive et fait preuve d’aisance à donner vie à un personnage qu’il sait maintenant comme ses poches. Pour le reste des chanteurs, on a surtout l’impression du ragtag. Arsen Soghomonyan est un Othello incolore en termes d’expression et résout le personnage avec généralité; son chant grimpe parfois jusqu’à quelques coups de ténor, mais il n’a pas la ductilité des demi-tons. Zarina Abaeva aurait aussi une voix douce et bien faite, mais sa Desdémone est maladroite tant dans la définition précise du personnage que dans ses mouvements. Résultats alternatifs dans les épreuves de Joseph Dahdah (Cassio) et Francesco Pittari (Roderigo), valables chez Adriano Gramigni (Lodovico), corrigés chez Eduardo Martinez (Montano) et Matteo Mancini (A herald), flous chez Eleonora Filipponi (Emilia). Restait aussi Mehta de l’édition précédente, qui peut compter sur les belles couleurs de l’Orchestre et sur l’adhésion du Coro del Maggio (les voix d’enfants sont bonnes aussi) : on assiste à un début d’Othello d’une opulence turgescente, dans un quatrième acte comme suspendu dans sa tragédie nocturne. Mais la narration est discontinue, il y a des défaillances entre fosse et scène, et non plus l’aura crépusculaire enveloppante bien diffusée l’autre fois. Quant au spectacle de Binasco (filmé par João Carvalho Alboim), il était et est dominé par la misère : les décombres d’une ville dévastée par une guerre de notre temps (scènes de Guido Fiorato), avec un babel de tenues qui mêlent nonchalamment l’ancien armures, soldats récents, smokings (costumes de Gianluca Falaschi). Mais la tragédie que raconte Othello est entièrement intérieure, et n’a pas besoin de justifications extérieures qui font un clin d’œil à l’actualité.



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