Un rapport commandé par le CSE central d’Amazon dresse un portrait sombre des conditions de travail dans les entrepôts de l’entreprise, avec une forte augmentation des accidents du travail, un taux d’absentéisme élevé et de nombreux départs. L’entreprise affirme pourtant offrir à ses employés “un environnement de travail sûr et moderne”.
Ce rapport, élaboré par le cabinet indépendant Progexa pour le CSE central d’Amazon et transmis en octobre, met en évidence une augmentation significative du nombre d’accidents du travail avec arrêt, qui a plus que doublé en 2022, passant de 482 à 1 132 incidents. L’étude porte sur les 8 entrepôts et le siège de l’entreprise.
Les employés interrogés, qui ont tous souhaité rester anonymes, attribuent ce chiffre à des pressions de la part de leur hiérarchie et à des impératifs de résultats. Certains témoignent de l’intervention répétée des managers pendant leur journée de travail, sans relâche. Ils dénoncent également une stratégie de culpabilisation en cas de blessure.
Le taux d’absentéisme, à 15,9%, est jugé alarmant et s’explique principalement par la forte hausse des arrêts maladie, selon Progexa.
Amazon se défend en affirmant offrir à ses plus de 20 000 employés en France un environnement de travail sûr et moderne. L’entreprise rappelle qu’un sondage indépendant réalisé par l’Ifop en 2023 révèle que plus de 8 employés sur 10 recommanderaient à leurs proches de venir travailler chez Amazon.
Amazon a investi plus de 25 millions d’euros en France en 2022 pour améliorer la sécurité et le bien-être de ses employés sur les sites logistiques.
Le rapport de Progexa souligne que Amazon rencontre des difficultés à stabiliser ses effectifs dans ses entrepôts, avec 9 employés sur 10 ayant moins de 5 ans d’ancienneté. Le taux de rotation est estimé à 36%, ce qui signifie que l’ensemble du personnel d’Amazon France Logistique est renouvelé tous les 3 ans environ.
De plus, les départs naturels, tels que la retraite ou les mutations, sont peu fréquents chez Amazon (3%). En 2022, 31% des CDI ayant quitté l’entreprise l’ont fait suite à une rupture de période d’essai, 38% ont été licenciés, 25% ont démissionné et 3% avec une rupture conventionnelle.
Un représentant syndical explique que ce renouvellement rapide des effectifs est dû au fait que les salariés comprennent le fonctionnement d’Amazon et se syndiquent, ce qui incite l’entreprise à essayer de les faire partir pour recruter de jeunes employés.
Avec AFP
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