2024-09-10 12:01:02
L’architecte suisse Maurice Braillard (1879-1965) a conçu, en 1932, la station du téléphérique du Salève pour accéder aux vues panoramiques sur Genève et le lac Léman. Ces vues avaient déjà attiré l’attention des Suisses qui atteignaient à pied ce sommet de 1 379 mètres jusqu’à ce qu’en 1892 ils construisent un train à crémaillère.
En 1932, Braillard, devenu architecte autodidacte, calcule avec l’ingénieur André Rebuffel une infrastructure en béton armé capable d’abriter les cabines du téléphérique et, en complément, un restaurant panoramique. Le projet prévoyait la construction d’un hôtel sobre à l’arrière de la gare.
Une fois le bâtiment construit, sa forme – il s’agissait d’un bâtiment avec l’apparence et le toit d’un chalet suisse attenant – a changé au fur et à mesure du renouvellement des mécanismes de transport ou du renouvellement des cabines du téléphérique. L’usage de la gare a également changé. Il a été modifié à la fois par des événements historiques – les Allemands l’ont transformé en poste d’observation pendant la Seconde Guerre mondiale – et par des changements de comportement des citoyens: en 1975, l’utilisation généralisée de la voiture a fait perdre de la popularité au téléphérique, tomber désaffecté puis abandonné.
Devaux&Devaux, les architectes David et Claudia Devaux, viennent de réaliser une nouvelle restauration qui est en réalité une réinvention. Au Salève les usages se sont multipliés. David Devaux parle d’« habiter ce qui se construit mieux ». Et cette phrase résume ce qu’ils ont accompli avec leur réforme. Il s’agit d’une intervention qui restaure, préserve et pourtant transforme.
Le projet a maintenu et pourtant modifié la propriété. Il l’a transformé d’infrastructure en lieu, d’un moyen de transport public en un environnement protégé. Au-delà des nouvelles installations, le transport est désormais complété par des parcours -250 kilomètres de sentiers-, par un mur d’escalade, par des espaces de méditation, par un restaurant panoramique et une salle d’exposition -où l’ensemble a été dirigé par le graphiste Emmanuel Lebord et le scénographe David Lebreton de Designers Unit. Ces nouveaux usages et l’entretien du lieu en ont fait une enclave du réseau européen Natura 2000, une destination privilégiée mais préservée de la Haute-Savoie (en France), où les visiteurs viennent aussi bien en été qu’en l’hiver pour faire de la randonnée, de l’escalade, du parapente ou simplement pour profiter de la vue.
La crédibilité de l’ancienne/nouvelle propriété vient du soin. Le bâtiment de 1932 a été rénové énergiquement. Aujourd’hui, les chaudières à bois et les panneaux photovoltaïques, ainsi qu’un système de récupération des eaux pluviales, contribuent au fonctionnement de la légendaire infrastructure en béton armé qui, au-delà de permettre l’accès et la valorisation des lieux, est capable de refléter l’évolution des valeurs mondiales.
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