2024-02-10 04:13:06
Grand Théâtre du Liceu
Mise en scène : Jacopo Spirei (d’après le projet de Graham Vick)
9 février 2024
Tout au long de sa vie artistique et dès son quatrième opéra (je lombard), Verdi a dû lutter pour la censure afin de lui permettre de diffuser ses œuvres telles qu’il les avait conçues. je Un bal masqué occupe une place d’honneur douteuse dans cette autre danse des cannes avec les censeurs, en l’occurrence Naples, ville qui a été remplacée par Rome lorsqu’il s’agissait de créer un chef-d’œuvre comme celui dont nous parlons et qui appartient à la dernière période de création du musicien italien.
Il est maintenant de retour au Liceu avec un spectacle du Teatro Reggio de Parme et qui fut le dernier projet de Graham Vick, décédé avant de le concrétiser. Son assistant Jacopo Spirei s’est chargé de le mettre sur pied, avec une scénographie et des costumes de Richard Hudson, une chorégraphie de Virginia Spallarossa et des éclairages de Giuseppe di Iorio. D’une manière générale, on peut dire que la production n’ajoute rien à l’essence du drame musical de Verdi et qu’elle s’abreuve de solutions déjà vues dans plusieurs spectacles (et pas précisément de Vick). Il y a trop de contraste en revanche avec une prétendue modernité et avec des artifices malheureux comme le mouvement scénique des personnages principaux et la construction des personnages (inexistante) ou carrément risible comme la fin du deuxième acte, avec Amelia emmêlée dans le rideau pour ne pas être reconnue par Renato.
Devant les douves du Liceu, un spécialiste de ce répertoire comme Riccardo Frizza a défendu avec d’excellents arguments une partition qui oscille entre la légèreté maniériste d’un XVIIIe siècle magistralement évoqué par la palette de Verdi et la densité du tragique. Surtout, Frizza a donné une lecture magistrale de l’œuvre, avec une excellente interprétation de l’orchestre.
Il y a eu quelques décalages de concertation avec le chœur, ce qui est sans doute dû à la disposition de la messe chorale, perchée dans un amphithéâtre très en hauteur et avec des chanteurs aux extrémités latérales. Mais en général, la performance des choristes était assez satisfaisante.
Une distribution réussie
Le Liceu a eu raison du premier casting (sans voir le second). Des voix de premier ordre, stylistiquement adaptées aux exigences de Verdi. Freddie de Tommaso est un ténor de forte projection et, bien que le registre central ne soit pas toujours assez stable, les aigus et les aigus sont très planants et avec un style qui fait penser à la grande génération de ténors italiens des années soixante. L’extraordinaire Amelia d’Anna Pirozzi, avec un Je mourrai mais d’abord dans la grâce d’anthologie et avec un grand déploiement de ressources expressives. Artur Ruciński est un baryton avec une projection courte et peu de robustesse timbrale, mais il phrase avec l’élégance et le bon goût qui sied au baryton-Verdi, ce qui a fait de son Renato une autre des joies de la soirée.
À ces hauteurs, chanter les excellences de Sara Blanch est redondant, c’est pourquoi nous saluons son sensationnel Oscar, tant pour sa performance vocale que pour sa performance scénique. Et Daniela Barcelona, qui n’est plus à son meilleur niveau, a défendu le rôle d’Ulrica avec de bons contre-arguments, aux côtés de bons acteurs secondaires : Valeriano Lanchas (Samuel) et Luis López Navarro (Tom), entre autres.
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