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Une adaptation lyrique de « Les Ailes du désir » au Bateau Feu de Dunkerque

by Nouvelles
Une adaptation lyrique de « Les Ailes du désir » au Bateau Feu de Dunkerque

Un rectangle blanc traversé de nuages gris, deux anges en long manteau, ailes au repos : il n’en faut pas plus au metteur en scène Grégory Voillemet pour évoquer en creux les images du chef-d’œuvre de Wim Wenders Les Ailes du désir (Le ciel de Berlin1987), dont le compositeur Othman Louati a tiré un opéra du même nom, sur un livret de Gwendoline Soublin.

L’idée initiale appartient au scénographe Johanny Bert. Mais c’est La Co[opéra]tive, ce consortium de quelque six théâtres (scènes nationales et opéras) réunis afin d’assurer un plus grand rayonnement à l’art lyrique, qui, en lui passant commande, s’autorise, pour la première fois depuis sa fondation en 2014, à la production d’une création mondiale.

Avec l’inoubliable et poétique pérégrination en noir et blanc de ses créatures angéliques portant leur regard compassionnel sur le Berlin d’après-guerre, le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1987 fait partie des jalons majeurs de l’histoire du cinéma. Son adaptation lyrique, écrite pour sept chanteurs et treize instrumentistes, mâtinée d’une bande électro, n’est cependant pas un calque du film. C’est ainsi que Damiel (Bruno Ganz, dans le film), l’ange qui renonce à l’éternité pour la condition humaine et l’amour d’une jeune trapéziste du cirque Alekan, Marion, est ici incarné par une femme, Damielle. Le rôle de Peter Falk a disparu, tandis que le déhanché torride de Nick Cave dans une salle underground est esquissé par une sorte de transe. L’évocation des camps de concentration a été élargie aux charniers de la Shoah, une mère retenant un instant dans ses poumons la fumée de son enfant disparu dans les fours crématoires.

Impressionnantes marionnettes

Parmi les éléments de décor qui rappellent les images oniriques ou hyperréalistes du film, des toiles peintes pour le mur de Berlin ou le cirque Alekan, des dessins et des tags, mais aussi des tréteaux pour la Bibliothèque d’Etat (siège des anges) ou le no man’s land de la Potsdamer Platz, coupée en deux par la ligne de démarcation.

Le plus impressionnant, ce sont les marionnettes quasi grandeur nature qui incarnent les humains (chanteurs). Il y a évidemment l’enfant interrogateur et sa mère avec sa cigarette, l’Aimant désespéré et la mendiante dépravée couverte de strass, le graffeur en salopette et le vieillard rescapé unijambiste avec sa béquille en bois (sorte de double de l’Homère du film), et, bien sûr, la jolie trapéziste aux ailes de plumes blanches. Tous ont les traits cabossés des personnages à la Egon Schiele, et l’on doit aux merveilleux marionnettistes Gabriel Allée, Lucile Beaune, Enzo Dorr, Eirini Patoura, Alexandra Vuillet et Aitor Sanz Juanes, maîtres en manipulations capables de créer de vrais moments de vie, les émotions les plus fortes et les plus émouvantes.

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