Dans un monde marqué par l’escalade des tensions géopolitiques et la course effrénée aux armements, le Maroc semble déterminé à s’imposer parmi les « happy rares » des nations dotées d’une industrie militaire nationale compétitive. Si l’on en croit les récents accords signés avec des géants de l’industrie de défense comme Israël, l’Inde, les États-Unis ou la France, le Royaume pourrait bientôt revendiquer une place de choix dans ce cercle fermé.
Montée en puissance orchestrée par des alliances stratégiques
Depuis plusieurs années, le Maroc noue méticuleusement des partenariats avec les grandes puissances pour poser les bases d’une industrie de défense autonome. Ces alliances ne sont pas le fruit du hasard, mais le prolongement d’une stratégie réfléchie visant à renforcer sa souveraineté militaire tout en stimulant son économie.
Avec la signature de l’accord de coopération militaire avec Israël en 2021, le Maroc franchit une étape décisive. Ce partenariat stratégique permet au Royaume de bénéficier des technologies israéliennes avancées, notamment dans les domaines de la défense anti-drone et des systèmes de missiles. Par exemple, les discussions autour de la production locale du système Barak-8, capable d’intercepter des missiles à longue portée, démontrent l’ambition marocaine de se positionner comme un acteur régional clé.
Le Maroc est également l’un des principaux bénéficiaires des ventes militaires américaines en Afrique. La coopération avec Washington s’est traduite par l’acquisition de F-16 et d’hélicoptères Apache modernisés, mais aussi par l’installation d’unités de fabrication locales. Le projet de construction d’une usine dédiée à la maintenance et à l’assemblage d’équipements militaires, en partenariat avec Lockheed Martin, illustre la volonté marocaine de maîtriser toute la chaîne de valeur de l’industrie de défense.
respectivement l’Inde et la France, nouvel allié polyvalent et rôle historique renouvelé
Plus discret, mais tout aussi stratégique, le partenariat avec l’Inde est axé sur la fabrication de drones armés et le co-développement de technologies innovantes. Lors de la visite du ministre indien de la Défense au Maroc en 2023, les deux pays ont signé plusieurs protocoles d’accord pour la formation des cadres marocains et la mise en place d’installations communes.
Partenaire de longue date, la France continue de jouer un rôle clé dans l’approvisionnement du Maroc en équipements militaires. En 2024, les discussions ont abouti à un accord pour l’assemblage local de véhicules blindés et la modernisation des frégates multimissions de classe FREMM. Ce partenariat historique s’inscrit dans une relation bilatérale qui allie diplomatie et défense.
Bref, le développement de l’industrie militaire marocaine s’inscrit dans une vision plus large de diversification économique et de croissance industrielle. Le Royaume ambitionne de devenir une plaque tournante régionale pour la production et l’exportation d’armes.
Zones industrielles, formation, exportation et diplomatie
Le projet de création d’une zone militaro-industrielle à Benguerir, dédiée à la production d’équipements sophistiqués, symbolise cette ambition. Le Maroc mise également sur la formation de cadres spécialisés, avec des partenariats universitaires internationaux et des instituts dédiés au génie militaire.
Si l’objectif premier reste de répondre aux besoins des Forces armées royales, le Maroc entend également devenir un exportateur d’armes. Ce positionnement renforcerait son influence en Afrique et au-delà, tout en consolidant son rôle de médiateur et d’acteur stabilisateur dans les zones de conflits.
Cependant, le chemin vers une industrie de défense florissante au Maroc n’est pas sans défis. La dépendance initiale à l’égard des technologies étrangères et la concurrence des grandes puissances militaires nécessitent une augmentation rapide des compétences. De plus, les enjeux géopolitiques, notamment les relations tendues avec l’Algérie, ajoutent une dimension sensible à cette ambition.
Le Maroc, à la croisée des chemins, semble déterminé à rejoindre l’élite des nations contrôlant leur production d’armes. Grâce à des partenariats stratégiques et des investissements structurants, le Royaume pourrait bien être à la hauteur de ses ambitions. Cependant, pour transformer cette vision en réalité, il faudra surmonter les obstacles techniques et géopolitiques et assurer un soutien national fort pour garantir la pérennité de cette hausse.
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