Une année à Kolda, terre d’accueil, de culture et de générosité

Une année à Kolda, terre d’accueil, de culture et de générosité

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Cela fait déjà un an que j’ai découvert Kolda, le Fouladou, terre d’accueil, de paix, de culture et de générosité, où le roi peulh Moussa Molo BALDE a régné au XIXe siècle. Joseph-Simon GALLIENI le décrivait comme “l’un des chefs les plus intelligents de cette partie du Soudan”. Moussa Molo est un symbole fort pour les habitants de Kolda et j’ai été immédiatement séduite par l’arbre gigantesque qui porte son nom et trône fièrement au quartier Doumassou. J’ai été bien accueillie par les habitants du quartier Sikilo lors de ma première visite. Le vendredi 15 juillet 2022, avec l’aide de ces bonnes personnes que je venais de rencontrer, j’ai pu emménager dans mon logement, qui avait été nettoyé de fond en comble. Je ne pourrai jamais les remercier assez et je les considère comme ma vraie famille, même si elle n’est pas biologique. Il faut découvrir les merveilles et les profondeurs du Sénégal pour en prendre conscience.

Les vacances d’été sont également une période importante de célébration de la culture, notamment avec la sortie du Kankourang, un personnage mythique qui terrifie souvent la population. L’ambiance festive règne dans tous les quartiers lorsque les femmes sortent leurs plus beaux vêtements pour célébrer les jeunes qui entrent dans la case de l’homme. Je crois fermement en l’importance de l’histoire et de la culture dans une société. Comme le dit le journaliste Alain FOKA dans son émission célèbre Archives d’Afrique, “personne n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme”. Cependant, je pense que la mobilisation des jeunes autour du Kankourang est excessive, car elle dure toute la période des vacances scolaires, voire même au-delà. Les jeunes devraient être occupés par d’autres activités civiques ou citoyennes, en plus des matchs de navétanes. J’ai également remarqué que beaucoup d’entre eux conduisent des motos Jakarta par manque d’alternatives. Il est regrettable qu’il n’y ait pas d’industries suffisamment grandes pour les employer et leur offrir des revenus décents et durables. Le chômage et l’oisiveté sont des problèmes à combattre chez les jeunes s’ils veulent réellement contribuer au changement. Le retour à l’agriculture pourrait être une solution, à condition que ce métier puisse offrir des perspectives intéressantes à la jeunesse, déjà éprouvée par l’émigration clandestine, et qu’il ne soit plus synonyme de pauvreté et de vulnérabilité.

Bien que les projets et programmes de l’État aient considérablement amélioré les conditions de vie des populations, il est nécessaire de renforcer sa présence et son action dans les zones enclavées et dépourvues d’infrastructures de base, afin de renforcer le sentiment d’appartenance à la nation chez certains citoyens. Malgré mes nombreuses années de résidence dans cette région éloignée de la capitale nationale et séparée d’elle par la Gambie, je n’aurais jamais imaginé qu’elle puisse être aussi magnifique, avec ses nombreuses ressources. Les femmes, si courageuses, sont le pilier de ces richesses qui nourrissent la population. Le développement ne peut se faire sans la participation active des femmes et des jeunes, qui, s’ils sont bien formés et encadrés, seront les artisans de l’émancipation de la nation. Les produits locaux tels que le fonio, le mil, le maïs, le sorgho, le riz, etc., sont excellents pour la santé et devraient être davantage consommés. Le “Consommer local” ne doit pas être qu’un slogan, mais une réalité quotidienne. Je suis convaincue que cette région est une véritable grenier pour le pays. Elle regorge de bonnes choses à offrir et ses potentialités ne sont pas encore totalement exploitées. La Casamance naturelle est un lieu d’une grande richesse, où la population doit prendre les devants et promouvoir un développement endogène.

Les années passent vite et nous rapprochent de la vérité. La Faucheuse nous a malheureusement privés de Thierno KANDE, Chef du Service régional de l’Aménagement du Territoire. Malgré son apparence chétive, cet homme était très engagé et dévoué. Je rends hommage à sa mémoire et à sa famille. Je ne pensais pas m’attacher autant à cette terre du Fouladou, mais sa découverte m’a permis de connaître des zones aussi magnifiques que pittoresques. Les hôtels comme Firdou, Hobbé, Kolidado, Moya, le complexe écologique Guedda, le Relais et bien d’autres encore sont des lieux parfaits pour s’évader et se reconnecter à la nature. J’ai encore tant de terroirs à explorer, de Dioulacolon à Salikégné, en passant par Fafacourou, siège du Programme des Domaines agricoles communautaires (PRODAC) ambitieux.

Le port de la tenue traditionnelle est une source d’inspiration pour les jeunes, en particulier les filles. Leur scolarisation et leur maintien à l’école doivent être une priorité. Permettons à nos filles d’étudier et créons un environnement sûr pour elles, afin qu’elles deviennent des actrices économiques, et non pas des charges économiques. Elles doivent participer aux prises de décisions importantes. Bien sûr, nous ne devons pas laisser les garçons de côté et les discriminer. Les garçons et les filles, les hommes et les femmes doivent se soutenir mutuellement, mettre leurs efforts en commun et contribuer au progrès et à l’émergence du pays. Les activités de développement nous emmènent souvent dans les endroits les plus improbables, mais cela en vaut la peine. Chaque jour, on en apprend davantage et avoir des personnes ressources aux profils divers et enrichissants est une véritable chance. Le geste solidaire et puissant lors de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2023, prouve que notre travail porte ses fruits.

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