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une commune du Nord pionnière dans le suivi de la sécheresse des sols

C’est une installation discrète au cœur d’un lotissement. « Nous avons ici, pour la partie aérienne de la stationun anémomètre, un pluviomètre, un thermomètre et une mesure d’humidité relative de l’air. Puis, ici, dans le sol en profondeur, une sonde qui mesure la température et l’humidité, de la surface du sol jusqu’à une profondeur de 1,4 mètre », explique Albert Dehaudtsous la pluie soutenue qui s’abat ce jour d’octobre sur les briques du nord. Le président de l’association CatNat Flandres est à l’initiative de l’installation, début 2023, de cette station météorologique dans la commune d’Estaires (Nord).

Une première française qui pourrait bien se multiplier dans les prochaines années. C’est, en tout cas, l’une des recommandations du rapport Ledoux, « RGA, n’attendons pas ce que ce soit la cata ».

Ce dernier propose en effet de « développer un maillage de 1000 stations météorologiques du sol dans les communes les plus à risque » dans le but de permettre « une remontée des données ainsi récoltées pour affiner la décision de reconnaissance d’état de catastrophe naturelle de la commune ».

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«Cette expérimentation couronne quatre années de travail porté par Albert Dehaudt », résume Bruno Ficheux, le maire d’Estaires qui s’est appuyé sur les préconisations de l’association CatNat Flandres pour financer cette station météo : «Un investissement minime de 3 000 euros par lequel nous voulons pouvoir prouver par l’exemple que la reconnaissance de catastrophe naturelle de notre commune est valable ».

De quoi ouvrir la voie à une indemnisation de ses administrés sinistréssouvent désemparés. Le phénomène de RGA touche une centaine de maisons sur les 3 300 habitations que compte la bourgade nordisteet sans arrêté de catastrophe naturelle, les assurés ne sont pas remboursés pour les dégâts causés par le RGA.

« On ne comprenait pas pourquoi certaines années l’état de catastrophe naturelle était reconnu, d’autres nonet idem vis-à-vis de communes voisines. L’idée a donc germé d’installer notre propre station de contrôle pour compléter les données de MétéoFrance », se rappelle Bruno Ficheux.

Données souterraines

En complément de relevés météorologiques extérieurs, la station locale choisie auprès d’une entreprise spécialisée en météo agricole apporte des données souterraines. « Avec cette sonde connectée, qui mesure par palier de 20 centimètres l’humidité de chaque coucheon fait ce qui se pratique déjà depuis 20 ans chez les agriculteurs et viticulteurs du sud-ouest », appuie Albert Dehaudt.

Manière d’apporter des arguments supplémentaires et fiables pour prouver que le retrait gonflement des argiles est bien la cause déterminante des dommages sur les maisons. Et ouvrir enfin la voie à une reconnaissance CatNat Sécheresse. Car « en s’appuyant seulement sur la pluviométrie et les températures, les données de Météo France ne répondent pas aux besoins des sinistrés.

On ne mesure pas les bonnes choses !

Bruno Ficheux

On ne mesure pas les bonnes choses ! », s’irrite Bruno Ficheux pour qui le météorologiste national n’emploie pas la bonne méthode.

La station d’Estaires a d’ores et déjà fourni ses premiers relevésqu’il sera temps de mettre sur la table de l’Etat en cas de non reconnaissance CatNat Sécheresse pour l’été 2023. « Par rapport aux premiers mois de l’année 2023, nous observons d’avril à juillet une baisse de l’humidité de 15 % sur la couche profondec’est-à-dire sous les fondations. C’est cela qui provoque la rétractation d’argile et par conséquent, un affaissement des fondations et des fissures dans les maisons », assure Albert Dehaudt.

Victoire d’étape

« Que ce type d’installation soit préconisé dans le rapport Ledoux représente une victoire d’étape et une vraie reconnaissance de notre action », se réjouit Bruno Ficheux. Mais pour le maire d’Estaires, le combat se poursuit pour aider ses concitoyens sinistrés.

Le conseil municipal devrait voter en décembre une subvention de 300 euros pour financer des contre-expertises assurantielles (soit environ 60 % de leur montant moyen). « Les experts des assurances n’apportent pas le contradictoire. Or les sinistrés doivent être accompagnés, comme c’est le cas lors d’inondations », se désole Albert Dehaudt qui, outre la dégradation du patrimoine, ne manque pas de rappeler les dommages sociaux collatéraux chez les sinistrés.

2023-10-30 10:00:00
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