Une longue file d’attente s’est formée devant le local. Rue Danton, à Toulon, quelques dizaines d’étudiants attendent 14 heures. C’est à cet horaire qu’ouvre, chaque jeudi, l’épicerie sociale et solidaire de la Fédération des étudiants toulonnais (Fedet).
Une fois la porte d’entrée passée et les escaliers descendus, les bénéficiaires passent à la caisse. Pour la modique somme de 3 euros, et sur présentation d’une carte étudiante ou d’un certificat de scolarité, tous peuvent obtenir un panier de courses d’une valeur de 40 à 50 euros.
“J’essaie de venir une semaine sur deux pour faire mon panier souffle Ferréol, sac à la main. Ça m’arrive même de venir aider à tout installer le matin. C’est important, utile. Et, je ne vais pas le cacher, vu les prix en supermarché, le panier à 3 euros nous aide vraiment, mes copains et moi.”
L’initiative de la Fedet est née il y a bientôt quatre ans, au début de la crise sanitaire. “Tout a commencé pendant la Covid, lorsqu’on est allé distribuer directement chez les gens rembobine le président, Bruno Chiapello. On s’est rendu compte que certains étudiants étaient en souffrance et ne le disaient pas.”
“Ça fait plus épicerie que stock de guerre”
De fil en aiguille, le projet a fait son chemin. Et, après avoir monté un premier point de distribution au foyer de l’université de Toulon, où “c’était un peu rock’n’roll” la Fédération a pu trouver son lieu à elle. Un local qu’elle loue depuis le début d’année 2023, au 7 rue Danton, non loin de la faculté.
“Lorsqu’on a vu la fréquentation élevée et le besoin qu’il y avait derrière, on a voulu un peu professionnaliser la partie distribution alimentaire” explique Kimon, vice-président en charge des partenariats à la Fedet.
Aujourd’hui, c’est dans un décor plus calme et aéré que la jeunesse toulonnaise est reçue. La majeure partie du local est, en effet, dédiée à l’épicerie sociale et solidaire. Au centre de la pièce, fruits et légumes frais sont scrupuleusement répartis. Sur les ailes, des denrées plus “typiques” de l’aide alimentaire (riz, pâtes, conserves, lait…) sont compilées. Enfin, au fond, une partie est dédiée aux surgelés.
“En ce moment, on a des glaces, des calamars… Le but est aussi de faire plaisir! On essaie de proposer autre chose que le strict nécessaire, en sortant un peu de ce côté lugubre des conserves. Ça fait plus épicerie que stock de guerre” pose Kimon.
La précarité étudiante, thématique prégnante
Étudiante aux Beaux-arts, Emma se rend au local tous les jeudis. Celui-ci n’a pas fait exception: quelques fruits et légumes ont déjà été placés au fond de son sac. “Ce qui est cool, c’est que les produits sont très variés sourit-elle. À Noël, on avait eu des choses comme des mini-feuilletés. Franchement, c’est génial.”
Plus tôt, dans la matinée, un camion de la Banque alimentaire est venu déposer plus d’une demi-tonne de produits au local de Toulon. “Sur les basses affluences, avec l’autre point de distribution à la fac de La Garde, on accueille environ 250 personnes par semaine. Sur les hautes affluences, on monte à 400 ou 500 étudiants.”
Mais la Fedet ne peut s’en satisfaire. “C’est malheureusement beaucoup trop” souffle Kimon. Et au président de poursuivre: “Étudier reste un luxe. La précarité étudiante est donc une thématique assez prégnante.” Une fois l’inauguration du nouveau local toulonnais passée, la Fédération envisage donc d’augmenter le nombre de distributions alimentaires, en ouvrant l’épicerie trois demi-journées par semaine, contre une seule actuellement.