une histoire de musique, de Pâques et de prison

une histoire de musique, de Pâques et de prison

Un prisonnier a un jour sorti sa voix des barreaux. C’est arrivé dans une rue sévillane : Pastor y Landerooù il y avait un prison près des arènes d’où, selon le chroniqueur Félix González de León, les exécutions pouvaient être vues un après-midi de travail, pouvant ainsi assister à deux spectacles de mort. Très différent est cet autre événement.

Le XXe siècle a commencé par des convulsions lorsque le musicien Police Anta assisté à un événement éphémère : le pas de laVierge de l’Espérance de Triana Pendant la semaine sainte. La sculpture continuait sa course entre des espaces étroits où ce maître du pentagramme avait dû voir une âme s’évader de prison. Ouvrez une brèche parmi les foules et envolez-vous avec cette prière : “Soleá, donne-moi ta main, à la grille de la prison, j’ai beaucoup de frères, orphelins de parents, et je n’ai personne pour me protéger”, a crié l’un des détenus sans l’intention, c’est sûr, d’inspirer une oeuvre sublime par son geste.

Celle-la prière pour la liberté et la clémence, de solitude parmi beaucoup de gens et de demande en dernier recours, est passé par l’auteur de ‘Amarguras’. C’est ainsi qu’il composa une marche que son père, Manuel Font Fernández, orchestrera plus tard : « Soleá, donne-moi ta main », un beau poème de noires et de croches qui accompagne d’innombrables palios depuis plus d’un siècle. C’est, en fait, l’une des marches les plus populaires de toutes.

“Aux malheureux prisonniers de la prison de Séville qui, en chantant des flèches à la Vierge à Pâques, m’ont fait concevoir cette œuvre”, écrit-il sur le papier, conçu à l’origine pour piano. La composition a été créée devant la Virgen de la Amargura lors de son passage à l’Alameda de Hércules, le dimanche des Rameaux de 1918, interprétée par la Musique municipale de Séville. En 1921, il parvint aux oreilles de Dansgor Stravinski. Le célèbre compositeur russe s’est rendu dans la capitale sévillane pour profiter de sa grande semaine avec l’imprésario de ballet Sergei Diaghilev. Quand il a vu le baldaquin de la confrérie de San Bernardo avec cette musique derrière son manteau, il a dit: “J’écoute ce que je vois et je vois ce que j’entends.”

C’est curieux que le geôlier, un style de saetas pas trop répandu, est le plus orné de ceux chantés aujourd’hui, venant des coins les plus austères. Les interprètes professionnels ont repris l’expression des prisonniers pour l’adapter à une architecture harmonieuse d’une plus grande richesse. Celui créé par Rogelio Barreraun artiste local de Huévar del Aljarafe, en est un exemple.

La rage de la prison, le cante jondo comme outil pour s’évader des barreaux, ont également encouragé d’autres talents à travers l’histoire. Le journaliste et poète José Maria Velazquez-Gaztelu, doyen de la presse flamande, raconte ainsi à ABC : « Quand j’avais quatre ans, j’ai entendu les flèches des prisonniers devant ma maison. Celui qui chantait le mieux pouvait sortir. Ce cri de liberté m’a touché d’une manière particulière et, depuis lors, dans chaque rassemblement, j’ai essayé de résoudre l’énigme du chant».

Compositeurs, journalistes, cantaores, poètes… Le sanglot de celui qui se lamente dans l’ombre a la nuit deux fois noire, c’est pourquoi de nouveaux chemins pour l’art s’illuminent dans son angoisse.

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