Une île disparaît, quotidien Junge Welt, 21 septembre 2024

2024-09-21 01:00:00

Le voyage vers Kuna Yala commence à l’aube et vous emmène via l’autoroute panaméricaine. Il relie tout le Panama, des plages du nord à la jungle dense du Darién au sud. Après avoir quitté l’autoroute, nous continuons sur une route nouvellement pavée qui traverse la forêt tropicale humide. La destination est Gardí, un port animé au cœur de la région de Kuna-Yala, où règne une grande activité : des dizaines de bateaux servent de bateaux-taxis, transportant des personnes et des marchandises vers les îles de l’archipel de San Blas.

Le port se trouve sur l’île de Gardí Sugdub. Elle est densément peuplée, les maisons sont serrées les unes contre les autres, dont certaines s’avancent au loin sur la mer. La zone environnante reflète une crise environnementale croissante : les fonds marins jonchés de déchets et les latrines qui se jettent directement dans la mer reflètent de mauvaises conditions sanitaires. La surpopulation et le manque de gestion efficace des déchets exacerbent ces problèmes malgré les efforts de sensibilisation en cours. Le Convention Center, au cœur de la communauté, est l’endroit où les dirigeants locaux se réunissent pour discuter de questions importantes. Des décisions concernant l’avenir de la communauté sont prises ici, comme le projet de déménagement vers le continent en raison de l’élévation du niveau de la mer.

Magdalena Martínez, une habitante de l’île, porte une mola, le vêtement traditionnel tissé des Kuna. Elle s’inquiète des marées de plus en plus violentes, signe du changement climatique qui menace d’inonder l’île d’ici 2050. Blas López, sociologue Kuna, explique que la relocalisation est essentielle pour assurer la survie de la communauté. Après des siècles de vie sur l’île, les peuples autochtones sont confrontés au défi de s’adapter à un nouvel environnement sur le continent. Une planification minutieuse est essentielle pour préserver leur culture et leur mode de vie dans ce nouveau chapitre de l’histoire.

La nouvelle colonie appelée Isber Yala est en construction sous un soleil de plomb. Les maisons sont équipées d’équipements modernes tels que l’eau potable, l’électricité et des systèmes d’élimination des déchets. Mais il manque des éléments qui reflètent l’identité culturelle des Kuna. L’un d’eux, Chico Solano, souligne l’importance de préserver le patrimoine ancestral. Il envisage donc de construire une nouvelle salle de congrès et une maison de chicha, des espaces cruciaux pour la spiritualité et la transmission culturelle. La chicha est un type de bière de maïs utilisée dans les rituels et les interactions sociales.

Il y a 300 ans, les Kuna ont fui vers l’île de Gardí Sugdub pour échapper aux colonisateurs espagnols. Aujourd’hui, la mer qui les protégeait autrefois dévore leur patrie, obligeant des milliers d’habitants à s’installer sur le continent. Cette réinstallation forcée constitue l’un des plus grands défis auxquels la communauté a été confrontée dans son histoire. Les Kuna seront les premiers des Caraïbes à être déplacés par le changement climatique, mais c’est un sort qui pourrait s’abattre sur de nombreuses autres communautés de la région dans les années à venir.



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