Une neuroprothèse apporte de l’espoir aux patients atteints de la maladie de Parkinson

Une neuroprothèse apporte de l’espoir aux patients atteints de la maladie de Parkinson

Jusqu’à présent, nous savions comment limiter la perte de mobilité due à la maladie avec des médicaments ou de la kinésithérapie, mais nous ne savions pas comment redonner de la mobilité à un patient.

Certains symptômes de la maladie de Parkinson sont bien connus : des tremblements, des membres rigides et des mouvements difficiles. Et plus la maladie progresse, moins les connexions neuronales entre les muscles et le cerveau sont bonnes. C’est pourquoi la marche devient de moins en moins fluide.

Une idée inspirée des recherches sur les personnes paralysées

En réalité, les recherches sur cette neuroprothèse ont pour origine une étude menée non pas sur des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, mais sur des personnes paralysées, comme l’explique Eduardo Martin Moraud, neuroingénieur en biomédecine au Centre hospitalier universitaire de Lausanne, et co-auteur de cette étude parue dans Médecine naturelle : « Dans notre centre ici à Lausanne, on a travaillé pendant très longtemps sur l’idée de stimuler la moelle épinière pour améliorer la marche des personnes paralysées. Suite à une lésion de moelle épinière, ce qu’il se passe, c’est qu’il y a une coupure de la connexion entre le cerveau et la partie basse de la moelle. Il y a un trou. La zone lombaire de la moelle épinière est là, mais elle est inactive. Elle ne reçoit pas de signaux du cerveau vu qu’il y a une lésion. Pendant longtemps, dans notre centre, on a travaillé là-dessus pour bien comprendre les mécanismes. Qu’est ce qui se passe quand on va stimuler une moelle épinière lombaire ? Est-ce qu’on peut induire un certain mouvement ou un autre, ou une extension de la jambe ? Est-ce qu’on peut faire tout cela avec de la stimulation électrique de la moelle ? Une fois qu’on a compris les mécanismes de comment ça marche, on s’est dit peut-être que le même concept pourrait s’appliquer à d’autres maladies. C’est vrai que la maladie de Parkinson est d’origine complètement différente, c’est-à-dire que l’origine est vraiment dans le cerveau. Mais toutes les intentions motrices et tous les mouvements des jambes doivent passer de toute façon par cette zone lombaire de la moelle épinière. Et donc ce qu’on va faire c’est qu’on va compenser, si vous voulez, tous les signaux qui sont un peu faibles en stimulant directement la moelle épinière. »

Grâce à des stimuli électriques, les scientifiques ont donc amplifié les signaux nerveux envoyés au cerveau… Et le premier à avoir testé la méthode se prénomme Marc. Ce patient bordelais est atteint, depuis une trentaine d’années, d’une maladie de Parkinson arrivée à un stade très avancé : il souffre de « freezing », c’est-à-dire un blocage soudain, qui entraîne souvent une chute.

Il y a tout juste deux ans, les chercheurs ont donc implanté à leur patient un dispositif de leur conception : la fameuse neuroprothèse.

La neuroprothèse, un dispositif à implanter

Cette technologie n’a rien de nouveau, elle est même régulièrement utilisée pour traiter des douleurs chroniques. Une neuroprothèse, c’est en fait un dispositif assez simple, composé d’électrodes, qui va être implanté dans la zone lombaire de la moelle épinière : « Cette neuroprothèse c’est un petit implant tout fin. Et donc c’est une chirurgie qui, en fait, n’est pas si invasive : on fait une petite incision et on va aller glisser cette électrode sous les vertèbres et on la place sur la moelle. Et donc ces petits électrodes sont connectés avec un câble à un petit boîtier, à une pile si vous voulez. Et c’est cette pile qui va lancer les impulsions électriques. Et donc si on sent, parce qu’on a des petits senseurs sur les pieds, que le patient va essayer de lever la jambe, ce qu’on va faire c’est [qu’]on va activer l’électrode qui facilite la flexion de la jambe. Et comme ça, on l’aide de façon naturelle à ce qu’il lève sa jambe. Et quand on sent qu’il met le pied par terre, on sent du coup qu’il va vouloir contracter les muscles pour mettre son poids dessus et on va changer. On va activer une autre électrode. Et donc on alterne comme ça flexion, extension, propulsion et ça permet de faire des pas plus symétriques, d’être plus stable, etc. Nous on va juste aider à amplifier les mouvements ou à corriger ce qui n’est pas normal entre guillemets. Mais en aucun cas on ne va induire des mouvements que le patient ne veut pas faire. »

Et le résultat est au rendez-vous : Marc, qui tombait jusqu’à 6 fois par jour, a retrouvé une démarche fluide. Il réalise même des randonnées de plusieurs kilomètres de long.

Mais son cas reste, dans l’immédiat, exceptionnel, on parle bien d’un seul et unique patient. Ce chercheur rappelle que la maladie de Parkinson est très hétérogène, avec des causes multiples et donc des répercussions différentes selon les patients. Il faudra corroborer les résultats de cette première étude. Les chercheurs ont d’ores et déjà reçu des financements pour tester leur dispositif sur six nouveaux patients.
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2023-11-13 08:54:31

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