2025-01-02 12:13:00
Je voudrais essayer d’établir un dialogue virtuel avec une ministre, à partir de ses considérations rapportées dans Premiership, avantages et inconvénientsdans «La Stampa» du 10 décembre 2024.
On affirme que la proposition du gouvernement actuel est « néoparlementaire, c’est-à-dire plus proche du parlementarisme anglais que du présidentialisme » ; en outre, que « dans le programme du centre-droit il y avait un semi-présidentialisme à la française » […] Je me suis tourné vers le poste de Premier ministre, en essayant d’améliorer le modèle israélien » ; encore une fois, que « je ne vois pas une logique de gagnants et de perdants, mais d’une majorité qui gouverne et d’une opposition proactive » ; encore une fois, que « l’élection directe peut […] renforcer le principe de souveraineté populaire et, à terme, de démocratie » ; en outre, “il est vrai que le Parlement a été marginalisé au fil des années, également à cause du décret d’urgence, mais cela n’a rien à voir avec cette réforme qui, en réalité, favorise les relations entre le Gouvernement et le Parlement”.
Procédons dans l’ordre, car diverses problématiques s’empilent et se confondent, sans doute intentionnellement. Constatons d’emblée que le présidentialisme, qui est le modèle américain, est très différent du semi-présidentialisme français, et que ce dernier est bien plus éloigné du parlementarisme anglais que ne l’est le présidentialisme américain. Ces déclarations, bien que librement réfutables par quiconque, ne reposent pas tant sur les données formelles du vote de confiance/de défiance du Parlement à l’égard du gouvernement, mais sur la capacité objective du Parlement à remplir sa fonction spécifique de législateur. Dans le système américain, le Parlement peut légiférer séparément du Gouvernement, dans le système anglais (et allemand), le Parlement peut légiférer indépendamment du Gouvernement, dans le système français, le Parlement ne peut légiférer sans le Gouvernement. Cette dernière est la même condition dans laquelle se trouve également le système italien depuis 1848. La proposition du gouvernement actuel, similaire à celle rejetée par le référendum de 2016, cherche à inscrire cette condition dans la Constitution, qui est, disons, la constitution matérielle de notre système de gouvernement. Dit ainsi, cela peut paraître anodin, mais la gravité des conséquences de la formalisation de l’asservissement du Législateur à l’Exécutif dans la Constitution réside entièrement dans le fait que cette formalisation la rendrait presque irréversible. En fait, actuellement, cette asservissement n’est que le résultat des mauvaises habitudes des sujets politico-parlementaires (compte tenu également de la non-application de l’article 49 de la Constitution), ce que la Constitution de 1947 n’empêche pas. Nous voulons remplacer la tolérance envers cette mauvaise pratique par l’obligation, afin d’éviter qu’à l’avenir une équipe parlementaire consciente puisse décider de définir une orientation pour la législation nationale indépendamment des indications d’un gouvernement en place. Derrière la soumission du Parlement au gouvernement se cache la pratique pérenne de fonctions administratives exercées sous couvert de réglementation parlementaire, que les gouvernements (et les administrations publiques) apprécient d’autant plus qu’ils se déchargent de la responsabilité politique, administrative, comptable et conséquences civiles et sanctions, des erreurs commises. Cette deuxième pratique malsaine déforme le sens de la hiérarchie des sources (faire tout faire par la loi), l’annule, rend l’État de droit labile et bloque les activités publiques et privées, toujours dans l’attente d’un décret-loi.
Le caractère intentionnel, malveillant et équivoque de l’ensemble de la proposition du gouvernement peut être encore davantage révélé si l’on prête simplement attention au fait que deux élections pour des organes distincts, le Parlement et le président du Conseil des ministres, sont présentées comme une seule élection et deux fonctions . distincte, celle de gouvernement et celle de législation, comme une seule fonction exercée par le Gouvernement, ou plutôt, pardon, par le Chef du Gouvernement. Même sans vouloir donner une couleur politique historique à un projet de ce type, ces passages, qui peuvent passer presque inaperçus (étant donné l’attention médiatique portée aux prérogatives résiduelles du Président de la République), sont le déni à l’origine du même fondements du droit constitutionnel, de la science politique, de la philosophie politique.
Contrairement aux propos du ministre, le mandat de premier ministre n’a absolument rien à voir avec le décret d’urgence, car son objectif principal est précisément d’établir dans la Constitution que le chef du gouvernement tient entre ses mains une majorité parlementaire élue en bloc avec lui, que cette majorité garantit la ratification de tout acte du Gouvernement, que donc le décret est la voie principale pour tout acte, qu’il soit réglementaire, gouvernemental, administratif, que le « continuum » Parlement-Gouvernement (typique des formes parlementaires) soit remplacé par un nouveau forme de gouvernement, constitué par la « fusion » entre le Parlement et le Gouvernement, ou plutôt par l’absorption du Parlement dans le Gouvernement monocratique.
Il serait plus honnête et plus direct de proposer l’abolition du Parlement, la prise en charge des deux fonctions par un sommet monocratique d’un Pouvoir unique (qui pourrait être baptisé Gouvernement de la Nation, ou la « Nation »), ce qui, bien que nous y sont pourraient également ramener la fonction judiciaire.
La souveraineté populaire réduite à la possibilité de voter/aclamer un Chef de tout n’est plus telle, mais est aussi un « retour au Statut Albertin », où la souveraineté appartenait à la Couronne et où la représentation de la nation à la tête de tout tous les députés (art. 41 St.Alb.) n’étaient que le voile couvrant l’autocratie.
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