Nouvelles Du Monde

Une vérité scandaleuse. par Silva Bon – Forum sur la santé mentale

2024-07-04 15:59:56

Nous publions un autre des discours du 27 juin à Vigheffio

Je voudrais me présenter, en utilisant deux sens différents : comme « témoin de crimes de paix » et comme « historien ».

Les expériences dramatiques vécues au cours d’un long voyage au sein de l’expérience de la souffrance mentale m’ont amené à connaître la réalité de l’hôpital psychiatrique : précisément cette institution totale que les pensées et les pratiques mises en œuvre par Franco Basaglia voulaient « effacer » en Italie.

J’ai vu de mes propres yeux les formes sous lesquelles la violence psychiatrique se manifeste sur les détenus : privés de parole, de gestes, de possibilités, ils subissent dégradations, abus physiques et pharmacologiques, contraintes de toutes sortes. J’ai vécu tout cela sur/avec mon corps (en Bohême et en Autriche, dans les années 90) et j’en ai encore très clairement l’horreur.

C’est pourquoi je pense que la « révolution » souhaitée et mise en œuvre par Basaglia est une réalisation fondamentale dans les domaines psychiatrique, médical et plus généralement social : nécessaire pour promouvoir des formes d’« humanisation » qui nous concernent tous.

Mais je suis conscient que des réformes dans le domaine de la santé – et ici non seulement la promulgation de la loi 180, en mai 1978, mais aussi, immédiatement après, la création du Service national de santé – n’auraient pas été possibles à un autre moment historique.

En fait, au moins depuis la Seconde Guerre mondiale, la réflexion véritablement ardue sur « ce qu’est la folie » a ouvert de nombreux intellectuels, historiens, philosophes, et pas seulement médecins et psychiatres, au débat critique.

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Certains opérateurs ont lancé des expérimentations innovantes, tant sur les structures que sur les traitements ; et dans le monde anglo-saxon, comme en Europe, la société est de plus en plus consciente des problèmes générés dans le domaine médical et des réponses alternatives possibles au statu quo alors en vigueur.

En Italie, dans les années 1960, nous connaissions un difficile processus de modernisation.

Entre autres choses, on observe de forts changements dans l’opinion publique dans le domaine spécifique des traitements de santé : les gens sont également émotionnellement impliqués lorsqu’ils sont confrontés à la réalité, avec les nombreux rapports faisant état de conditions insoutenables et dégradantes dans lesquelles les « malades mentaux » dans de nombreux hôpitaux psychiatriques dispersés dans toute la région. Les « fous », punis, torturés, enfermés dans des espaces délabrés, réduits à des objets, des « morceaux » anonymes, oubliés, invisibles : c’est ainsi qu’ils nous sont montrés dans de nombreuses séances photo dramatiques, films, récits… masse irréfutable documents médiatiques…

Malgré la cruauté insupportable de la condition de nombreux détenus malades ; malgré le vent fort de transformation qui secoue la société dans son ensemble ; Je pense que la loi 180, le 13 mai 1978, a été votée et promulguée par le Parlement italien, dans un climat politique tendu et dramatique, très particulier : précisément parce que quelques jours après le « Crime Moro » – l’assassinat d’Aldo Moro.

Il arrive parfois que même les faits les plus aberrants puissent finalement conduire à des résultats – au moins partiellement et/ou minimes – positifs (!?).

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Peut-être ai-je le courage de soutenir cette vérité scandaleuse, même en ce qui me concerne. En tant que femme marginalisée, humiliée, moquée, indignée et malade mentale.

Être témoin de nombreuses, trop nombreuses souffrances personnelles, endurées au cours des longues années – au moins quarante – de traversée du monde psychiatrique, m’amène aujourd’hui à reconnaître dans l’infinie expérience passée, les nombreux moments inattendus d’aide reçus au CSM et au DSM. de Trieste.

Aujourd’hui – alors que j’ai la présomption de me déclarer “guéri” – un mot difficile et risqué auquel j’ai même peur d’y penser (!) – je me souviens aussi clairement des petits gestes, des opportunités imperceptibles de soutien moral et physique, des des signes d’amitié solidaire entre égaux… indispensables pour surmonter les moments de confusion totale. C’est un sourire d’espoir, une paire de sabots en caoutchouc, un verre d’eau, une présence silencieuse côte à côte, une parole bienveillante et accueillante…

Je me souviens – comme je l’ai fait à plusieurs reprises également dans le cadre de la Journée de Vigheffio, lorsque j’ai accordé une longue interview à deux infirmières lombardes, connectées au réseau et à l’édition d’une revue professionnelle spécialisée – la présence fondamentale, nécessaire dans le CSM des multiples figures d’opérateurs : infirmières et opérateurs de différents niveaux, présents quotidiennement et physiquement proches des personnes soignées, qui, plus encore que les psychologues et les médecins, sont en mesure d’intervenir en cas de besoin, précisément en raison de la constante prolongation partage des espaces et opportunités imprévisibles…

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Je me souviens même du cuisinier, des assistants volontaires étrangers, des jeunes stagiaires, des tuteurs d’accueil – comme des nombreux membres de la famille, mères, pères, proches à divers titres – comme des autres personnes hospitalisées ou apparentées…

La construction d’une Communauté qui prend soin, qui construit ensemble, de manière solidaire, la Santé Mentale, le Bien-Être, doit être un projet absolument central.

« #180benecomune » pour la relance de la santé mentale en Italie promeut, avec la campagne médiatique en cours, un processus d’agrégation indispensable.

Commencer – à mon avis – par de petits (ou grands ?) pas, pour impliquer d’abord les personnes en souffrance, les membres de la famille, les “experts par expérience”, les opérateurs à tous les niveaux, à l’occasion d’une croissance partagée, d’un dialogue et d’un échange expérientiel horizontal : par exemple , réunions d’organisation, réunions opérationnelles, préparation de séminaires, choix des thèmes de discussion, conférences, visites de lieux désignés, tant pour la santé que pour les soins, dans la ville, sur le territoire et aussi en Italie et à l’étranger.

Je garde un souvenir reconnaissant de ce mouvement collectif invisible, dans lequel je me suis retrouvé impliqué, pressé, invité, car sinon mon « existence », « être ici et maintenant », ne serait pas possible.

Je suis un Survivant, un peu endolori, un peu meurtri, mais chanceux !



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