Val-d’Oise : Commerces incendiés, entrepôt dévasté… Le bilan des nouvelles violences de la nuit

Trois jours après la mort du jeune Nahel, abattu par un policier lors d’un contrôle routier, la nuit a été de nouveau marquée par des violences dans de très nombreuses communes d’Ile-de-France, et le Val-d’Oise n’a pas été épargné. Rien que pour les incendies, une centaine d’interventions de pompiers ont dû être déclenchées. C’était le cas notamment à Osny où une grande concession automobile Renault a complètement brûlé, chaussée Jules-César. Les immenses flammes étaient visibles de très loin durant une partie de la nuit.

Au total 6000 m2 d’ateliers automobiles et de locaux commerciaux sont partis en fumée, sans parler des véhicules qui s’y trouvaient. La propagation à la station-service toute proche a heureusement été évitée. La concession emploie une centaine de personnes, selon la direction, celles-ci se retrouvent donc au chômage technique. L’autre énorme incendie qui a été déclenché dans la nuit de jeudi à vendredi concernait un entrepôt de 2500 m2 contenant du matériel médical à Groslay.

La place des Touleuses ravagée à Cergy

Les commerces semblent avoir été particulièrement pris pour cibles par les assaillants. À Cergy Le Franprix des Touleuses a également été incendié et toutes les autres petites boutiques du quartier ont été saccagées. « J’ai une pensée pour tous ces commerçants qui devront nettoyer dans l’espoir de rouvrir, pour tous ces propriétaires de voiture qui ne pourront pas aller travailler ce matin, déclarait le maire de Cergy Jean-Paul Jeandon dans la nuit. J’ai mal à ma ville. Nous n’avons pas de morts mais des habitants meurtris, apeurés. »

Dans de très nombreuses villes, les tirs de mortiers ont résonné toute la nuit tandis que des véhicules brûlaient, à Pontoise dans le quartier des Louvrais, à Saint-Gratien aux Raguenets ou encore à Bezons et Argenteuil. « Des policiers ont été pris à partie », déplore la préfecture du Val-d’Oise qui comptabilise cinq blessés légers dans les rangs de la police. Une quarantaine de personnes ont été interpellées durant la nuit par les forces de l’ordre. Plusieurs postes de police ont aussi été pris pour cible, comme à Argenteuil et Montigny-lès-Cormeilles. À Sannois, et comme la veille les mairies de Garges-lès-Gonesse et Montmagny, c’est l’hôtel de ville qui état attaqué. Il a aujourd’hui gardé porte close à cause des dégâts.

L’Aldi de Garges pillé

À Garges-lès-Gonesse, la nuit a été de nouveau difficile. Plusieurs magasins très récents de la ZAC des Portes de la Ville ont ainsi été pillés. Il s’agit du supermarché Aldi et de l’opticienne. Le distributeur de La Poste dans le quartier de la Dame blanche nord a été attaqué, les individus n’ont cependant pas réussi à atteindre l’argent. La pharmacie du parvis de l’hôtel de ville a, elle, échappé de peu à une tentative de pillage, les auteurs en auraient été dissuadés.

Le bar-tabac du Vieux-Pays et celui des Doucettes n’ont pas eu cette chance et ont été vandalisés. Plusieurs voitures brûlées sont à déplorer dans le quartier de La Muette et aux Doucettes. Cependant, après le choc de l’incendie de la mairie toujours fermée ce vendredi, les bâtiments publics ont cette fois-ci été épargnés. Tous les évènements sont annulés ou reportés jusqu’à au moins dimanche soir.

À Goussainville, la présence d’une vingtaine de médiateurs municipaux devant les bâtiments publics a, semble-t-il, participer à éviter leur dégradation. La caserne des pompiers a cependant été visitée brièvement et des bris de glace sur les véhicules sont à déplorer. Un opticien et un vendeur de motos ont été pillés. Plusieurs caméras ont été dégradées.

Un camion utilisé comme bélier

Le réveil fut un tout petit peu moins difficile à Gonesse que la veille où une trentaine de voitures avaient été brûlées et le Franprix de la Fauconnière pillé. Néanmoins, cinq véhicules sont bien partis en fumée. Une pharmacie et un tabac ont été également la cible des émeutiers.

Dans les rues envahies cette nuit par des individus vêtus de noir, les violences ont parfois aussi pris d’étranges formes. À Goussainville, les jeunes ont fait main basse sur un poids lourd. Ils se seraient servis de ce 38 tonnes pour abattre un mât de caméra de vidéosurveillance avant de finalement le brûler avenue Albert Sarraut. « Cela aurait pu avoir des conséquences encore pires », souligne la mairie. L’imposant véhicule était en cours d’enlèvement ce vendredi matin. À Sarcelles, c’est au volant d’un engin de chantier que certains paradaient. À Garges, à bord d’un transpalette et sa marchandise volée.