La magie de Catane, de la Sicile, se joue entre ombres et lumières. C’est l’un des éléments principaux de la série télévisée « Vanina » réalisée par Davide Marengo et écrite par Leonardo Marini, d’après les romans de Cristina Cassar Scalia. Produite par Palomar et RTI, la série débutera sur Canale 5 à partir du 27 mars. Au cinéma cependant, à partir du 21 mars avec Lucky Red, il y a le retour tant attendu du réalisateur américain Todd Haynes avec le drame psychologique « May Decembre ». Le point Cnvf-Sir
La magie de Catane, de la Sicile, se joue entre ombres et lumières. C’est l’un des éléments principaux de la série télévisée « Vanina » réalisée par Davide Marengo et écrite par Leonardo Marini, d’après les romans de Cristina Cassar Scalia. Nous entrons avec détermination et charme dans la vie de Vanina Guarrasi, sous-commissaire de la police de Catane, appelée à traiter des affaires pénales et en même temps affrontons les cicatrices de son âme, liées à la mort de son père et à l’ingérence de le monde souterrain. La protagoniste est une intense Giusy Buscemi, dans un rôle qui lui offre un tournant de carrière vers une maturité interprétative. Produite par Palomar et RTI, la série débutera sur Canale 5 à partir du 27 mars. Nous l’avons vu en avant-première. Au cinéma cependant, à partir du 21 mars avec Lucky Red, c’est le retour tant attendu du réalisateur américain Todd Haynes avec le drame psychologique “May December”, en compétition au 76e Festival de Cannes. Les protagonistes sont Natalie Portman, lauréate d’un Oscar, et Julianne Moore, dans un « duel » d’acteurs pointu et pressant. Un film qui part d’un fait divers insidieux et problématique, que la mise en scène aiguë de Haynes régit avec élégance et ambiguïté enfumée. Le point Cnvf-Sir
« Vanina » (Chaîne 5, du 27 mars)
« Sabbia nera (2018), « La logique du lampara » (2019), « La Salita dei Saponari (2020) et « Le roi de la glace » (2023). Ce sont les quatre romans de Cristina Cassar Scalia – publiés chez Einaudi – qui composent le premier cycle d’épisodes de la série « Vanina », diffusée sur Canale 5 à partir du 27 mars. Cassar Scalia, ophtalmologiste de profession, a construit au cours de la dernière décennie un monde narratif sicilien d’un grand magnétisme, qui joue sur la piste du détective criminel marqué par des éclairs d’ironie et d’émotion. L’auteur s’inscrit clairement dans la lignée du maître Andrea Camilleri. Et il ne pourrait donc y avoir personne d’autre pour s’occuper des adaptations que Carlo Degli Esposti avec son Palomar : il est le “père” télévisuel du culte “Inspecteur Montalbano”. Le talentueux Davide Marengo a été appelé pour réaliser « Vanina » – il a écrit les séries « Il Cacciatore » et « Un’estate fa » –, tandis que le scénariste Leonardo Marini (« Màkari », « Il Sicurezza Montalbano » est responsable de l’adaptation) . »). Parmi les points forts de « Vanina », on trouve le protagoniste Giusy Buscemi (« Doc », « Un passo dal cielo »), dans un rôle qui fait la différence dans une carrière. Le casting comprend Giorgio Marchesi, Dajana Roncione, Corrado Fortuna et Claudio Castrogiovanni.
Histoire. Catane, Vanina Guarrasi, à trente-six ans, est déjà sous-commissaire du Mobile de Catane, chef de la Homicide. Elle connut une carrière brillante et rapide à Palerme, où cependant les menaces de la pègre la poussèrent à déménager. Vanina mord dans la vie, insomniaque et affamée, prête à ne rien laisser passer. Elle est dure, ironique, insaisissable et têtue. Ce qui la tourmente, c’est la mort de son père, l’inspecteur Giovanni Guarrasi, tué par la mafia, mais aussi son amour pour le magistrat Paolo Malfitano qu’elle a pourtant choisi d’abandonner.
« Il y a une Vanina « légère » – indique le scénariste Marini – qui veut enfin profiter de la vie, qui veut s’amuser et ne veut plus renoncer à sa jeunesse, et d’un autre côté il y a une Vanina marquée par un événement qui jusqu’à présent, il a décidé de tout son destin. Cet état de partage, non résolu, entre lumière et obscurité, entre joie et mélancolie, est la base du charme et de la richesse humaine de Vanina”.
Une belle surprise « Vanina ». La série se déroule rapidement, serrée, entre dynamique criminelle et policière, selon une intrigue bien testée qui va du “Montalbano” susmentionné à la “Squadra Antimafia”. À cela s’ajoutent cependant des éclairs d’ironie pétillante, des pages d’émotions et des suggestions de paysages qui s’écrasent. La ville de Catane, en effet, et le monde agité et baroque de la Sicile constituent un puissant élément d’attraction dans l’histoire. Bien sûr, le pivot de l’histoire est sa protagoniste, Vanina Guarrasi, un personnage qui allie vitesse et introspection, rébellion et sacrifice, faim de vie et mélancolie brûlante. Une policière qui recherche la vérité de manière opiniâtre et obstinée, mais pas en héroïne solitaire : Vanina a une équipe qui la suit, la respecte, la protège dans sa « folie ». Elle est aimée pour être toujours aussi effrontée mais jamais inappropriée. Elle est courageuse, trop, mais le seul territoire qu’elle fuit sont ses sentiments, dont elle a peur, car elle a déjà trop souffert des abandons, voulus ou non.
Et ici, la série trouve ses accords les plus beaux, les plus douloureux, les plus sombres et les plus poignants. Dans l’ensemble, le début de la série est excellent, entre réalisation, interprétations – le regard de Buscemi est bluffant ! – et surtout la mise en scène, qui met en valeur l’horizon de Catane. Il convient de souligner la musique de Santi Pulvirenti et Tommy Caputo. Série recommandée et problématique pour le débat.
« Mai décembre » (Cinéma, à partir du 21 mars)
Lors des récents Oscars, il a concouru pour la statuette du meilleur scénario original, écrit par Samy Burch. Il s’agit du nouveau film aigu et stimulant de Todd Haynes, « May December », un auteur américain qui s’est fait connaître avec des titres complexes et énigmatiques tels que « Far From Heaven » (2002), « I’m Not Here » (2007), « Mildred Pierce » (2011, mini-série) et « The Room of Wonders » (2017). Avec « Mai Décembre » – au cinéma avec Lucky Red – Haynes traite d’un fait divers américain insidieux et très médiatisé : l’histoire d’un enseignant qui a entamé une relation avec une jeune mineure. Le film met en vedette deux actrices capitales, les lauréates des Oscars Natalie Portman et Julianne Moore. À côté d’eux se trouve le jeune homme montant Charles Melton.
Histoire. Aux Etats-Unis, Elizabeth (Portman) est une actrice bien connue qui prépare son nouveau film. Il se rend en Géorgie pour rencontrer Gracie (Moore), une quinquagénaire protagoniste d’un fait divers scandaleux survenu vingt ans plus tôt : une liaison avec le jeune collégien Joe, pour laquelle elle a été inculpée de maltraitance sur enfant. Quelque temps plus tard, une fois la tempête juridique calmée et le garçon devenu majeur, Gracie et Joe se sont mariés et ont fondé une famille. Vingt ans plus tard, Elizabeth souhaite en faire un film, elle passe donc du temps avec le couple en essayant d’approfondir leur histoire et leurs aspects psychologiques. Le problème, c’est que sa présence suscite des tensions, brise les silences et les remords…
« L’histoire mijotait une ambiguïté morale et narrative – explique le réalisateur Haynes – qui, dans un film, aurait impliqué le spectateur (…). En plus d’être un matériau extrêmement convaincant, le projet m’a fourni l’opportunité tant attendue de travailler avec Natalie Portman – de déclencher le vortex réflexif d’une actrice jouant une actrice – et, comme si cela ne suffisait pas, de la placer aux côtés de Julianne. Moore dans le rôle féroce et impénétrable de Gracie.
« Mai Décembre » est un film compliqué à gérer, virant certainement vers des tons sombres. À la base, il y a un fait divers qui, dès les lieux, montre toute sa nature problématique : une famille qui se forme à partir de la maltraitance, de la relation d’une femme adulte avec un préadolescent. Le réalisateur Haynes, qui a du talent et une marque stylistique et narrative claire, ne s’est évidemment pas limité à un récit simple, mais a au contraire construit un récit psychologique enfumé et intense. Un duel féminin, un dilemme moral, avec des répercussions artistiques : les citations vont de “All About Eve” à de nombreux titres d’Ingmar Bergman. L’actualité semble se glisser presque au second plan, “fragilisée”, car tout se joue dans le dialogue posé et féroce entre Elizabeth et Gracie, entre l’actrice hollywoodienne, prête à vampiriser l’histoire pour la scène, et la femme qui a commis un crime mais le raconter au monde comme un acte d’amour « innocent » et incontrôlable. Le spectateur se perd ainsi dans les tunnels de l’intrigue, mais surtout dans les rebondissements de l’âme des deux protagonistes.
Un film exigeant d’un point de vue moral, qui fascine avant tout par sa mise en scène et ses interprétations de grande qualité, un peu moins par la structure de l’histoire : une dissection psychologique aseptique d’un lien né sur un terrain inapproprié. Film complexe, problématique, pour débats.