Variole du singe : une transmission à la population générale est “possible” selon un médecin de Bordeaux

Variole du singe : une transmission à la population générale est “possible” selon un médecin de Bordeaux
Charles Cazanave est infectiologue au CHU de Bordeaux. (©Actu Bordeaux / Nicolas Gosselin)

Au 21 juillet 202272 cas de variole du singe avaient été recensés en Nouvelle-Aquitaine. A Bordeaux (Gironde)le premier cas a été identifié le 8 juin dernier.

Difficile d’obtenir des données plus précises de la part de Santé Publique pour la Gironde, mais au CHU de Bordeaux, on constate une augmentation des cas « depuis quelques jours », explique l’infectiologue Charles Cazanave.

En France, la vaccination préventive avec le vaccin contre la variole est conseillée par la Haute Autorité de Santé depuis le 7 juillet pour les personnes ayant eu des contacts avec des personnes malades dans les quatre jours suivants l’exposition et les personnes considérées comme les plus exposées au virus : « Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes trans multi-partenaires, les personnes en situation de prostitution, les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle ».

Trois lieux de vaccination à Bordeaux

En Gironde, il faut prendre rendez-vous auprès de trois hôpitaux pour accéder à cette vaccination : l’hôpital Saint-André, l’hôpital Haut Lévêque et le CHU de Pellegrin.

Les médecins traitants et pharmaciens ne sont pas autorisés à vacciner. « C’est un vaccin contingenté que l’on réserve en cas de bioterrorisme pour immuniser la population s’il y avait un jour une attaque à la variole », explique Charles Cazanave.

L’accès aux doses est donc très réglementé. « Nous au CHU Bordeaux on n’est pas trop mal entre la demande et l’offre », affirme-t-il.

Des boutons qui peuvent être douloureux

Lorsque la variole du singe se déclare, les symptômes débutent généralement par de la fièvre, des courbatures, des ganglions et des douleurs à la gorge.

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Suivent des boutons dans les régions génitales, anales ou la bouche qui peuvent être confondus avec des boutons de varicelle mais avec peu ou pas de démangeaisons.

Ils peuvent en revanche être douloureux lorsqu’ils poussent sur les muqueuses. Les hospitalisations sont rares, sauf « pour quelques patients qui ont beaucoup de lésions partout sur le corps ».

La variole du singe moins contagieuse que la varicelle

En cas de déclaration des symptômes, il est recommandé d’appeler le 15 qui vous indiquera la marche à suivre. L’isolement jusqu’à disparition des lésions, généralement 3 semaines, est préconisé.

A l’échelle nationale, « 96 % des cas pour lesquels l’orientation sexuelle est renseignée sont survenus chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes », écrit Santé Publique France.

Pour autant, le risque que cette maladie atteigne la population générale ne doit pas être exclu. « Ce n’est pas le cas au 25 juillet 2022 mais comme souvent dans les maladies émergentes qui sont cantonnées à un groupe, elles peuvent passer à un autre groupe », précise le professeur.

Sur les 1 567 confirmés dans le pays, sept concernent des femmes et deux sont des enfants. « Ça reste anodin, mais c’est possible. De ce que l’on sait de l’épidémie en Afrique, lorsqu’il y avait contamination à partir des animaux, il n’y avait pas beaucoup de cas secondaires dans les foyers. Ce n’est pas une maladie qui est extrêmement contagieuse d’homme à homme. Elle l’est sans doute moins que la varicelle », ajoute Charles Cazanave.

La variole du singe se transmet par des contacts rapprochés de la peau ou des muqueuses avec les boutons ou par gouttelettes. Or, cette transmission par gouttelettes « qui pourrait faire que la maladie se diffuse dans la population générale n’est pas la voie de transmission majeure ».

Mettre l’accent sur la prévention pour éviter la propagation

Sur les 528 personnes infectées qui ont été suivies par une étude publiée le 21 juillet dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterrela transmission par voies sexuelles est suspectée dans 95% des cas.

L’Organisation mondiale de la santé souligne de son côté que « bien que le contact physique étroit soit un facteur de risque bien connu pour la transmission, il n’est pas clairement établi pour le moment que la variole du singe puisse se transmettre spécifiquement par voie sexuelle ».

Le 23 juillet dernier, l’OMS a déclenché son plus haut niveau d’alerte pour contenir la variole du singe au niveau mondial.

Il y a quelques éléments rassurants concernant cette infection. « Il n’y a pas de mort en France, il n’y a pas de séquelle, pas de cicatrice, très peu d’hospitalisation », énumère Charles Cazanave.

Il appelle à ne pas sous-estimer cette épidémie et à mettre l’accent sur la prévention pour que le virus ne se propage pas plus. « L’épidémie n’est pas contenue parce que les cas ne cessent d’augmenter. On ne peut pas non plus prédire comment le virus va évoluer, s’il deviendra plus transmissible ou plus pathogène. »

Une plateforme téléphonique d’informations sur la variole du singe a été mise en place : 0801 90 80 69. Elle est accessible 7j/7, de 8h à 23h.

Pour retrouver les centres de vaccination en Gironde, suivez ce privilège

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