Vers la vérité : la marche blanche en mémoire de Sylvie Carlin

Vers la vérité : la marche blanche en mémoire de Sylvie Carlin

Marie-Agnès veut organiser une marche blanche fin d’année en mémoire de sa sœur… ©D.R.

Nouvelle piste

Marie-Agnès Carlin, que nous retrouvons chez elle, n’en revenait pas d’apprendre que l’enquête qu’elle croyait définitivement classée, ne l’est absolument pas. Il semble qu’à la relecture du dossier, il est apparu aux enquêteurs qu’une piste pouvait avoir été négligée. Celle d’un homme maintenant au début de la soixantaine : le soir de la disparition, Sylvie Carlin est passée, à pied, devant chez lui.

Nous sommes le 15 décembre 1994, un jeudi. Il fait froid et sec. La nuit est tombée. Sylvie, 19 ans, avait passé l’après-midi chez sa mère, rue Jeanne Dubois à Roucourt. Vers 16 h 30, sa mère s’est rendue en voiture à Wiers où elle allait déposer son petit-fils à un entraînement de football. Pour sa part, Sylvie restait à la maison, à Roucourt.

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Dernier témoin

Mais elle sait que sa sœur l’attendait pour le souper. Marie-Agnès habite à deux kilomètres de là, rue des Français, à Péruwelz. À pied, c’est l’affaire de 25 minutes.

On ne sait pas précisément quand Sylvie a quitté la rue Jeanne Dubois à Roucourt mais à 17 h 30, un témoin fiable, sa meilleure amie, qui circulait à vélomoteur, l’a croisée sur le pont du canal. Sylvie, dira Daphné, était seule, elle fumait une cigarette et “avait l’air triste”. L’air triste ? Parce qu’elle avait rendez-vous et que la personne n’arrivait pas ? C’est la nouvelle piste qui est suivie.

Le 19 février, une habitation proche du fameux pont – à moins de 200 mètres – a été fouillée de fond en comble avec les dépendances, le garage et le jardin à l’arrière du bâtiment. Un puits a été vidé et au fond du puits, des blocs de briques retirés. Les enquêteurs avaient fait venir un géoradar de l’étranger, cet appareil à pénétration de sol utilisé dans l’affaire Julie et Mélissa et pour d’autres dossiers de disparition.

“Incohérences, contradictions”

La personne concernée, qui habite le village de longue date, a été interrogée. Son nom était déjà apparu. Les enquêteurs l’ont confronté à des contradictions et des incohérences, notamment dans l’emploi du temps la journée de la disparition. Pendant qu’il répondait, le géoradar décelait des irrégularités dans le sol du jardin. L’endroit a été creusé, sans résultat.

À ce stade, alors qu’aucun élément ne peut être retenu, l’homme a été remis en liberté.

Marie-Agnès Carlin a vite compris. “Je ne suis pas complètement stupide. J’ai bien compris le lien que font les policiers mais je ne dirai rien. Désolée, cette personne est présumée innocente et ce n’est pas à moi de parler”.

Pour autant, Marie-Agnès ne tarit pas d’éloges sur l’équipe de la PJF de Tournai qui a repris le dossier. “Cette enquête était une catastrophe. Quand Sylvie n’est pas revenue et que ma mère a voulu signaler la disparition, on lui a répondu que c’était une histoire de c***. Maman pleurait pour qu’on l’écoute, ils n’ont rien fait pendant les trois premiers mois. C’est quand Julie et Mélissa ont disparu l’année suivante qu’ils ont pris l’affaire au sérieux. On s’est enfin intéressé à Sylvie. Mais ça n’a duré qu’un temps et l’affaire est retombée dans l’oubli. C’est le quatrième ou le cinquième commissaire qui reprend le dossier et c’est seulement aujourd’hui le premier en qui j’ai totalement confiance”.

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“Des conditions de travail honteuses”

Que s’est-il passé le 15 décembre 1994, la journée de la disparition ? Enlèvement ? Crime ? Ou bien fugue, suicide ou accident, ce que Marie-Agnès exclut ? Comment peut-on disparaître, à 19 ans, sans laisser la plus petite trace ? L’affaire se trouve toujours en instruction, à Mons, chez la juge Paméla Monfils. “J’ai vu comment les juges doivent travailler, dans des locaux si petits que je n’avais même pas une chaise pour m’asseoir. Quand je vois l’état de la justice, c’est scandaleux de faire travailler nos juges dans ces conditions”.

Marche blanche

Dernièrement, Marie-Agnès Carlin s’est constituée partie civile à charge d’inconnu(s), pour enlèvement. On lui a appris qu’on brûle les dernières cartouches : en principe, le dossier sera définitivement classé le 15 décembre prochain. “Je veux la vérité. Je sais qu’il y a quelqu’un quelque part qui sait quelque chose. J’ignore si la nouvelle piste ou une autre mènera à un résultat. Il reste neuf mois pour trouver les restes du corps de Sylvie”.

Si la vérité n’est pas apparue avant le 15 décembre, Marie-Agnès organisera une marche blanche à Roucourt sur le dernier trajet, entre la gare de Péruwelz et le pont de Roucourt.

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