Des référendums sur le droit à l’avortement ont eu lieu parallèlement aux élections aux États-Unis. Alors que l’Arizona a voté pour, la Floride a dit non. Un premier revers pour les pro-choix depuis l’arrêt de la Cour suprême en 2022. Quelles conséquences pour les femmes et le pays ?
La question du droit à l’avortement continue de diviser l’Amérique. Alors que des référendums étaient organisés parallèlement à l’élection présidentielle américaine, les résultats sont tombés dans la nuit de mardi à mercredi. Et ils sont pour le moins contrastés selon les États.
L’Arizona dit oui, la Floride non
En Arizona, les électeurs ont voté pour amender la constitution de l’État afin de rétablir le droit à l’avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse, contre 15 semaines actuellement. Une victoire des pro-choix dans cet Etat clé, qui a fait l’objet d’une attention particulière.
Mais c’est une autre histoire en Floride, le troisième État le plus peuplé du pays. L’amendement visait à rétablir l’avortement jusqu’à ce que la viabilité du fœtus (environ 24 semaines) n’atteigne pas le seuil requis de 60 % de « oui ». Un échec retentissant, la limite restant fixée à 6 semaines dans cet Etat qui a voté majoritairement pour Donald Trump.
Un premier revers pour les pro-choix
Ce résultat en Floride constitue le premier échec d’un vote direct sur l’avortement aux États-Unis depuis l’arrêt historique de la Cour suprême de juin 2022, qui a mis fin à la protection fédérale de ce droit. Jusqu’alors, même dans des États conservateurs comme le Kansas et le Kentucky, le droit à l’avortement avait toujours gagné dans les urnes.
Une majorité d’électeurs de Floride ont clairement indiqué ce soir qu’ils souhaitaient le rétablissement de leurs droits reproductifs. Mais en raison d’un seuil élevé de 60 % et de la campagne de désinformation de l’État, ils doivent continuer à vivre dans la peur, l’incertitude et le refus de soins.
Nancy Northup, présidente du Centre pour les droits reproductifs
L’avortement, enjeu central de la présidentielle
Durant la campagne, la candidate démocrate Kamala Harris a placé la question de l’avortement au cœur des débats, se positionnant comme la protectrice des droits des femmes face à Donald Trump. Ce dernier avait profondément remanié la Cour suprême avant sa décision de 2022. Le Parti démocrate espérait mobiliser son électorat sur ce sujet.
Depuis la décision de la Haute Cour, une vingtaine d’États ont mis en place des restrictions ou des interdictions. Les femmes sont parfois contraintes de voyager pour avorter, risquant ainsi des complications médicales, les médecins craignant des poursuites.
Autres référendums favorables à l’avortement
Malgré la déception en Floride, les référendums sur l’avortement ont apporté de bonnes nouvelles aux défenseurs du droit au choix. Outre l’Arizona, le Colorado et le Maryland ont adopté des mesures visant à protéger l’accès à l’avortement dans leur constitution.
Au total, une dizaine d’Etats ont voté sur le sujet mardi. L’objectif était souvent d’inverser les restrictions adoptées depuis 2022. Cela montre que la question de l’avortement reste un enjeu majeur de la société qui divise l’Amérique.
Quel avenir pour le droit à l’avortement ?
Si la tendance reste globalement favorable au droit à l’avortement, le résultat en Floride est inquiétant. L’État était considéré comme un refuge potentiel pour les femmes du sud-est privées d’accès à l’avortement. Sa modification affaiblit encore davantage ce droit fondamental.
Beaucoup dépendra du résultat de l’élection présidentielle et de la future composition de la Cour suprême. Mais une chose est sûre : la lutte autour de l’avortement est loin d’être terminée aux États-Unis. Et le vote des femmes sera plus que jamais décisif pour l’avenir du pays.
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