2024-05-18 23:29:00
La violence politique n’est pas un événement isolé. La polarisation et la radicalisation sont depuis longtemps ancrées dans le débat politique européen. L’assassinat du Premier ministre slovaque Robert Fico est le dernier avertissement en date. Tout comme l’assassinat de la députée travailliste britannique Jo Cox en pleine tension autour du Brexit en novembre 2016 ou la mort de la ministre suédoise des Affaires étrangères Anna Lindh, poignardée dans un centre commercial de Stockholm en 2003. Il y a presque un an, l’ancienne présidente slovaque Zuzana Čaputová, inquiète des menaces de mort qu’elle avait reçues, a annoncé qu’elle ne se présenterait pas aux élections. “Ceux qui menacent de me tuer utilisent le vocabulaire de certains hommes politiques”, avait alors déclaré Čaputová, soulignant la rhétorique belliqueuse du parti de Robert Fico.
Le renforcement des extrêmes, le durcissement du langage et la violence verbale contre l’opposant mettent à rude épreuve les campagnes électorales et la dynamique politique de l’Union européenne.
La police allemande a dénombré plus d’une vingtaine d’attentats politiques depuis le début de l’année. Le plus grave s’est produit au début du mois à Dresde lorsque des jeunes liés à l’extrême droite ont attaqué l’eurodéputé social-démocrate Matthias Ecke alors qu’il posait des affiches pour la campagne pour les élections européennes de juin, lui causant de graves blessures. Selon les chiffres de la police, les violences physiques ou verbales contre les élus en Allemagne ont presque doublé ces cinq dernières années, pour atteindre 2 790 incidents enregistrés en 2023. En France, les chiffres sont similaires et également en hausse. Cette violence est surtout perceptible au niveau local. Plus de 50 % des maires français se déclarent victimes d’incivilités et hésitent à se représenter. En outre, 40 % des maires allemands déclarent qu’eux-mêmes ou leurs proches ont été insultés, menacés ou agressés physiquement.
Cette polarisation a des conséquences directes et contradictoires sur le système démocratique. S’il est vrai que les études montrent que cela peut avoir un effet mobilisateur sur les électeurs, elles indiquent également que cet effet est motivé par les émotions et qu’ils se mobilisent donc contre, par opposition, pour rejeter explicitement ce que représentent les autres options politiques. La polarisation signifie la fin du « consensus permissif » sur les questions centrales de la construction européenne. Mais pas seulement. Il y a une crise profonde dans le système de représentation politique. Dans un contexte de défiance institutionnelle et de troubles sociaux, la distance entre représentants et représentés se creuse et les forces qui savent exploiter les peurs grandissent.
Cette semaine, la Commission européenne a de nouveau exhorté les grands réseaux sociaux à redoubler d’efforts pour limiter l’amplification algorithmique de la désinformation et des discours de haine en ligne.
Mais la désinformation ne se propage pas sur la terre ferme. Sa capacité à pénétrer les débats publics, à brouiller ou à éroder les divisions socioculturelles existantes, témoigne de vulnérabilités antérieures. Les abus de pouvoir, les dysfonctionnements des systèmes politiques, la corruption, les inégalités et l’exclusion sont des terrains fertiles pour la désinformation, mais aussi pour une véritable méfiance.
Le conflit et le défi del’état dans lequel les aspects politiques et sociaux constituent un élément essentiel du pluralisme dans les démocraties délibératives. Mais l’exploitation de l’émotivité, la logique de la confrontation et l’identification desennemisqu’ils soient tangibles ou symboliques, ont perverti cette opposition.
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