À Port-au-Prince, des affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et des bandes armées, qui ont pris pour cibles des sites stratégiques tels que le palais présidentiel, des commissariats et des prisons. Une partie de la population ainsi que ces bandes armées réclament la démission du Premier ministre Ariel Henry.
La situation est critique, comme l’a souligné Philippe Branchat, responsable pour Haïti de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des habitants de Port-au-Prince, comme Reginald Bristol, ont exprimé leur désarroi en déclarant avoir tout perdu, y compris leurs familles.
Attente d’une mission d’aide
Il y a une semaine, les autorités ont déclaré l’état d’urgence dans le département de l’Ouest, incluant la capitale, et ont imposé un couvre-feu nocturne. Face à l’escalade de la violence, la Communauté des Caraïbes (Caricom) a organisé une réunion d’urgence en Jamaïque lundi avec des représentants des États-Unis, de la France, du Canada et de l’ONU.
Malgré l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU pour l’envoi d’une mission multinationale dirigée par le Kenya afin de soutenir la police haïtienne, le déploiement tarde à se concrétiser. Le Premier ministre haïtien a signé un accord à Nairobi en mars pour permettre l’envoi de policiers kényans, cependant il est toujours bloqué à Porto Rico, un territoire américain des Caraïbes.
Les États-Unis et le Kenya restent engagés à soutenir le déploiement de cette mission multinationale pour assurer la sécurité et permettre la tenue d’élections libres en Haïti. Le pays est actuellement sans président ni parlement, et n’a pas organisé d’élections depuis 2016.
Hôpitaux attaqués
Les administrations et les écoles de la capitale sont fermées depuis plusieurs jours, et les services aéroportuaires et portuaires sont à l’arrêt, menaçant l’approvisionnement de la population haïtienne, la plus pauvre des Amériques. L’accès aux soins est compromis, avec des hôpitaux attaqués par des gangs obligeant l’évacuation du personnel soignant, des patients, y compris des nouveau-nés.
Le pape François a exprimé sa préoccupation et sa tristesse face à cette crise et a appelé toutes les parties à œuvrer en faveur de la paix. Selon l’OIM, 362 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, sont actuellement déplacées en Haïti, un chiffre en augmentation de 15% depuis le début de l’année.
Malgré ce contexte difficile, cinq personnes enlevées en février à Port-au-Prince, dont quatre religieux, ont été libérées, offrant un semblant d’espoir dans cette situation tendue.