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Violences policières : la police de Mannheim sur le banc des accusés

by Nouvelles
Violences policières : la police de Mannheim sur le banc des accusés

2024-01-14 20:33:00

Un procès contre deux policiers après une opération de police mortelle s’ouvre dans une salle d’audience du tribunal régional de Mannheim.

Photo : afp | Bernd Weißbrod

Cela fait un an et neuf mois qu’Ante P. est décédé à l’âge de 47 ans à la suite d’une violente opération de police sur la place du marché du centre-ville de Mannheim le 2 mai. Le procès contre les deux policiers impliqués, un inspecteur principal de 28 ans et un chef de la police de 26 ans, s’est ouvert vendredi devant le tribunal régional de Mannheim. La mère et la sœur du défunt ont chacune décidé de porter plainte conjointement. Huit rendez-vous sont prévus, le prochain mercredi et le dernier le 8 mars.

Lorsque l’acte d’accusation a été lu peu après neuf heures du matin, la salle d’audience était encore pleine. La ruée est grande. Bon nombre d’entre eux saluent les policiers en uniforme présents avec une poignée de main et un signe de tête – ils semblent être des collègues. Des personnes de l’entourage du défunt sont également présentes, tout comme des habitants de Mannheim intéressés et des militants contre les violences policières.

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P. n’était ni armé ni même soupçonné d’une infraction pénale lorsque les deux policiers du commissariat situé près de la place du marché se sont approchés de lui le 2 mai 2023. Il était un patient de longue date de l’Institut central de santé mentale (ZI) et souhaitait être admis ce lundi dans l’établissement d’hospitalisation ouvert car il souffrait de peur et d’agitation. À midi, il a marché depuis l’hôpital vers la place du marché voisine. Selon l’état actuel de l’enquête, son médecin l’aurait suivi et aurait finalement demandé de l’aide aux policiers du commissariat du Quadrat H4, situé entre la ZI et la place du marché, pour les recherches.

Cette date est inhabituellement longue pour un premier jour de négociations. Quatre des sept témoins invités présentent leurs déclarations, trois sont excusés ce jour-là. La reconstitution d’une heure à partir de vidéos de téléphones portables et d’enregistrements de caméras de surveillance présentée par la police judiciaire du Land de Bade-Wurtemberg vise à rendre les événements compréhensibles.

Les accusations portées contre les policiers sont graves : le commissaire aurait aspergé le visage de P. de gaz poivré après le discours prononcé sur la place du marché et l’aurait frappé à quatre reprises au visage lors de son arrestation. Le procureur ne considère ni l’utilisation de gaz poivré ni les coups comme justifiés. Le policier est accusé de tentative de coups et blessures graves et de coups et blessures en fonction ayant entraîné la mort.

Sur la base d’un rapport médico-légal, le parquet suppose que P. pourrait être décédé des suites de ces violences. Le chef de la police est accusé d’homicide par négligence par omission parce qu’il a laissé se produire la situation dangereuse et n’est pas intervenu. Le décès aurait pu être évité grâce à une intervention “avec une quasi-certitude”, a indiqué le parquet, citant le rapport médico-légal.

“Si j’ai fait quelque chose de mal, j’en répondrai”, déclare d’abord l’un des policiers. Il présente l’usage du gaz poivré, les coups et l’entrave comme justifiés. En conséquence, le recours à la contrainte directe a été annoncé à P. s’il ne se présentait pas.

La défense ne présume pas que l’accusé ait fait quelque chose de mal. Entre-temps, elle cite des doutes sur le rapport du bureau de médecine légale de Heidelberg, auquel le parquet se réfère. Elle a commandé ses propres rapports, censés aboutir à des conclusions différentes : P. serait décédé des suites de maladies antérieures.

Il est rare que des policiers se retrouvent confrontés à des allégations de violences illégales devant les tribunaux. En outre, selon une étude de l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main, plus de 90 pour cent des enquêtes ouvertes contre des policiers pour usage illégal de la force sont classées sans suite. Selon les statistiques de « Ask the State », les personnes atteintes de maladie mentale meurent souvent des suites de tirs de la police.

Il est inhabituel que des policiers soient confrontés à des allégations de violence illégale devant les tribunaux. Selon une étude de l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main, plus de 90 pour cent des poursuites pour recours illégal à la force contre des policiers sont abandonnées faute de soupçons suffisants. Selon une étude de l’organisation Ask the State, les tirs mortels de la police tuent relativement souvent une personne se trouvant dans un état psychologique exceptionnel ou souffrant de maladie mentale – une personne sur trois en Rhénanie-Palatinat, en Bavière et à Brême au cours des dix dernières années. Il n’existe pas de statistiques complètes. Après Ante P., deux autres personnes sont mortes à la suite d’opérations policières à Mannheim.

Une mort aussi tragique a de vastes répercussions sur les témoins, les proches et les connaissances. Dagmar, qui participe à « l’Initiative du 2 mai », était une collègue du défunt. “La nouvelle de son décès a été transmise et reçue en larmes dans notre atelier”, raconte-t-elle dans un entretien à nd. Un pommier planté dans le jardin du lieu de travail est destiné à commémorer P. Elle espère qu’après le procès, des excuses officielles seront enfin présentées. « Et le policier ne devrait plus faire ce métier », pense-t-elle.

L’initiative Mai a été fondée après la mort de P et est désormais devenue un réseau avec d’autres proches de violences policières mortelles. “Il est important d’échanger des idées, d’apprendre les uns des autres et de lutter ensemble”, explique Sevda, l’une des militantes. L’initiative prévoit entre autres la création d’un fonds d’aide aux proches dans cette situation. » C’est bien que le procès ait enfin lieu. Mais c’est aussi difficile, cela représente un énorme fardeau émotionnel, auquel s’ajoutent beaucoup de bureaucratie et de coûts. Les familles en deuil ne doivent pas être laissées seules face à cette situation.»

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