2024-11-25 18:48:00
« La honte doit changer de camp », a souhaité avec succès Pélicot. Ce n’est pas la victime qui doit avoir honte, c’est aux agresseurs d’admettre leur culpabilité. Jusqu’à ce procès, l’opinion publique – et pas seulement en France – avait étouffé ou sous-estimé le phénomène du viol médicamenteux.
Son mari Dominique, supposé mari modèle, l’avait droguée et abusée sexuellement pendant des années, mais l’avait également livrée au viol par de nombreux hommes contactés via Internet et filmés.
50 d’entre eux ont été identifiés ; ils sont assis sur le banc des accusés à côté de Pélicot depuis septembre. Les premières requêtes en punition des plaignants ont été déposées lundi, après quoi la défense aura la parole et le verdict est attendu peu avant Noël.
La demande du procureur n’est pas surprenante
C’est sans surprise que le procureur de la République Jean-François Mayet a requis 20 ans de prison contre Dominique Pélicot devant le tribunal judiciaire d’Avignon. Selon le droit français, c’est le maximum que les plaignants pouvaient demander contre le principal accusé dans ce procès extraordinaire pour viol.
Pélicot s’était décrit comme un « violeur » et avait déjà avoué sa culpabilité et l’étendue de sa perversité criminelle au début du procès en septembre : « Je suis coupable de tout ce que j’ai fait. (…) J’ai tout foiré, tout perdu. Je dois le payer. » Ces propos qui ressemblent à des remords ne sont pas une raison pour que le parquet lui accorde des circonstances atténuantes.
Donc la peine maximale. Autre chose serait-il envisageable, notamment le 25 novembre, journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes ? La deuxième représentante du ministère public, la procureure Laure Chabaud, a répondu par avance aux éventuelles objections : « 20 ans, d’un côté, c’est beaucoup car, quel que soit l’âge, c’est 20 ans d’une vie. C’est à la fois beaucoup et trop peu. Trop peu au vu des crimes graves qui ont été commis et qui l’ont été à plusieurs reprises.»
Il en va de même pour les coaccusés, qui risquent également de lourdes peines de prison. Chabaud l’a précisé : “En 2024, personne ne peut dire : ‘Elle n’a rien dit, alors elle a accepté'”. Aucun des 51 prévenus n’a pu ignorer le “manque de consentement” de la victime.
Aucune détention préventive demandée
Ce qui pourrait toutefois être surprenant, c’est que le ministère public, dans sa plainte pénale, n’exige pas également une détention préventive pouvant aller jusqu’aux trois tiers de la peine de prison pour des délits graves, afin de protéger la société. Toutefois, le tribunal est totalement libre d’ordonner une telle mesure en plus de la peine de prison contre Pelicot – et également contre certains de ses 50 coaccusés.
Outre la décision de justice, ce processus devrait également avoir des conséquences. Sous la pression de cette affaire, le gouvernement a ordonné qu’à l’avenir les victimes puissent porter plainte contre leurs agresseurs immédiatement après avoir été examinées dans l’un des près de 400 hôpitaux, ce qui semble particulièrement important dans le cas de l’anesthésie.
Actuellement en France, seulement 6 % environ des victimes d’agressions sexuelles portent plainte et 86 % des dossiers sont abandonnés sans suite.
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