2024-01-05 15:44:11
L’importance du langage visuel dans la recherche scientifique doit être soulignée. Pour ce faire, il faut remonter à Léonard de Vinci avec sa célèbre œuvre : L’homme de Vitruve; un dessin où l’étude des proportions idéales de l’être humain se manifeste scientifiquement dans sa dimension anatomique.
Suivant cette tradition, la communauté scientifique a développé une compétence en dessin qui serait transcendantale dans les progrès de la médecine. Sans aller plus loin, à la fin du XIXe siècle, Ramón y Cajal postula la théorie neuronale, découvrant que le système nerveux est constitué de cellules dotées de diverses extensions. Avec sa découverte neuronale, Ramón y Cajal a bouleversé la « théorie réticulaire », théorie dominante jusqu’alors, qui proposait un système nerveux structuré comme un réseau continu de fibres.
Pour expliquer sa théorie, Ramón y Cajal a publié un article scientifique intitulé Structures des centres nerveux des oiseaux, où il a souligné que le système nerveux est constitué de cellules qui entrent en contact les unes avec les autres par le biais de stimuli ou d’impulsions nerveuses. L’article était accompagné de deux illustrations ; deux dessins histologiques de sa propre main montrant des coupes microscopiques du cervelet d’un poulet et d’un pigeon.
Comme le souligne José M. Ramírez dans son essai Dialogue et évaluation (acvf), les dessins susmentionnés remplissaient un rôle transcendantal puisque, dans une communauté internationale de scientifiques de différentes nationalités, « les dessins parlaient un langage commun ». Si l’on regarde les dessins histologiques de Ramón y Cajal, la première chose qui nous vient à l’esprit est qu’il s’agit d’œuvres de peinture d’avant-garde, réalisées avec des gouttes d’encre et des traits aléatoires qui s’entrelacent en formant un enchevêtrement semblable à un réseau. Cependant, si quelqu’un nous explique la fonction scientifique de tels dessins, l’apparence a tendance à se dissiper.
Il est possible d’imaginer Ramón y Cajal, au milieu des années vingt, arrivant à la Résidence Étudiante pour parler de ses découvertes, illustrant sa conférence avec ces dessins d’avant-garde où les neurones ressemblent à des araignées aux pattes fines et allongées, des arthropodes. des chasseurs qui feront bientôt partie de l’imaginaire de Dalí, Lorca et Buñuel, et qui auront un impact profond à l’époque où le mouvement surréaliste représentait l’hégémonie de l’entre-deux-guerres.
L’essai de José M. Ramírez nous emmène dans une promenade à travers ces labyrinthes ; une galerie de miroirs où l’image et la parole se complètent dans leur dimension scientifique. Car c’est avec les mots qu’on accède aux images. Sans aller plus loin, l’image du Temps a été complétée par Héraclite à l’aide de mots, présentant les différentes eaux d’un même fleuve. Suivant son courant, José M. Ramírez, docteur en sciences du langage, nous présente les coïncidences entre la méthode scientifique et le monde artistique. Nous recevons de telles synchronisations via notre canal optique. Les dessins histologiques de Santiago Ramón y Cajal en sont un exemple clair.
José M. Ramírez l’explique sous la direction de Deleuze, lorsqu’il dit que nous capturons l’image pour la convertir en perception, puisque notre vision est favorisée par le pouvoir intellectuel des mots. La conclusion que nous tirons après la lecture de ce curieux essai est que le langage est la première forme de connaissance et que la vision en a été favorisée. Sans une telle influence, la méthode scientifique n’existerait pas.
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