2024-02-04 00:22:31
Le désintérêt – au mieux – de notre opinion publique envers les Savoie est frappant, surtout si l’on le compare à l’amour des autres pays envers leurs dirigeants. Il suffit de penser aux condoléances des Anglais pour le mort d’Elizabeth II ou à l’affection des Danois envers leur nouvellement abdiqué Régina Margrethe comparé au manque d’empathie devant le décès de Vittorio Emanuele. Après tout, peut-on objecter, dans les cas pris en exemple, nous avons affaire à des peuples monarchiques, alors que nous sommes républicains. C’est vrai jusqu’à un certain point. Parce que les Français ont du respect pour leurs anciens dirigeants (et pourtant ils ont décapité l’un d’eux, dont sa femme), les Grecs sont affectueux envers l’ancienne reine douairière Annamaria et ses enfants et divers autres cas pourraient être cités. Nous ne faisons pas. La mort de Vittorio Emanuele est une nouvelle suspendue entre l’actualité et les ragots, le sort de la famille intéresse tout au plus quelques nostalgiques, le problème de savoir si le titre de prétendant au trône d’Italie revient à son fils Emmanuel Filiberto ou chez ses cousins Aoste, il part à l’heure qu’il trouve. Tout au plus, ça fait sourire.
Il faut se demander pourquoi ? Très probablement, l’un des facteurs était le malheureux évasion de Vittorio Emanuele III en 1943 à Brindisi avec l’abandon de Rome, une trahison envers ceux qui n’ont pas pu s’échapper et sont restés sous les bombes aux mains de l’envahisseur. Mais cet argument n’explique pas non plus bien l’oubli. Car il est bon de rappeler que les Savoie ont perdu de quelques voix le référendum qui devait les envoyer en exil. Mais ils l’ont perdu et, presque immédiatement, le pays l’a oublié parce que – de l’avis de l’écrivain – sauf dans le Piémont où tout parle d’eux et de quelques autres réalités, dont étrangement la Naples Bourbon, qui a consacré à Reine Marguerite sa pizza la plus célèbre, ils ont très peu fait pour qu’on se souvienne, qu’on les estime et qu’on les apprécie. À l’exception du silence sobre du roi de mai Umberto II, seuls des mondanités, des scandales, des déclarations grandiloquentes et pas toujours sensées sont venues de ses enfants Maria Pia, Maria Gabriella, Titti et Vittorio Emanuele dans une tentative réussie de perdre tout type de crédibilité historique et politique. , pour être aimé ou même simplement apprécié.
En quelques décennies, l’ancienne jeunesse savoyarde a tout le patrimoine historique de la dynastie a été dilapidé. Certains se sont rendus ridicules, d’autres ont semblé totalement hors de propos. Vittorio Emanuele a ensuite ajouté le score à 11 avec la malheureuse affaire Cavallo. C’est déjà une tragédie qu’un garçon – Dirk Hamer, 19 ans – soit touché par une balle tirée par un prince arrogant et agacé par le bruit alors qu’il dormait sur un bateau, et meure. Mais le comportement ultérieur de celui qui était né pour devenir notre roi : les mensonges, la vulgarité, l’indifférence, le comportement inacceptable envers la famille du jeune homme ont amené la popularité de la dynastie au niveau le plus bas jamais enregistré dans l’histoire. À tel point que même les monarchistes italiens se sont rassemblés autour d’Aoste à la recherche d’une dynastie de remplacement. Qui, contrairement à Vittorio Emanuele et à son fils, était au moins partiellement italien ou vivait dans notre pays.
En effet, après avoir remué ciel et terre pour revenir, Vittorio Emanuele est est resté vivre à Genève, où il est décédé et où il parlait habituellement le français, une langue qu’il maîtrisait bien mieux que sa langue d’origine, tout comme son fils, beaucoup plus courtois et équilibré que lui mais, à son tour, plus suisse qu’italien. Il ne voulait pas non plus vivre dans l’ancien royaume. Qui rend donc la pareille.
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