Voici à quoi ressemble la vie dans la ville où l’air est le plus mauvais au monde

FPour les habitants de Marunda, balayer les sols de leur maison toutes les quelques heures fait partie du quotidien. Il ne faut pas plus longtemps pour qu’une fine couche noire se forme sur les carreaux du complexe d’appartements du nord-est de Jakarta. « C’est du charbon ! Tellement gros ! » dit un habitant nommé Adin, assis à l’entrée d’un immeuble.

Il tient deux doigts devant sa poitrine, à une distance de l’épaisseur d’un livre de poche. Un peu plus tard, un autre résident nommé Maulana caresse la céramique avec son index pour bien faire comprendre l’effet : une sale traînée de grains de poussière noire s’est accumulée sur le bord de son doigt.

Depuis l’un des étages supérieurs, Maulana, qui, comme beaucoup d’Indonésiens, n’a qu’un seul nom, montre d’où, selon lui, vient la poussière de charbon. À seulement quelques centaines de mètres du village, vous pouvez voir un complexe portuaire avec trois navires rouillés à terre. Plus loin, une entreprise avait stocké d’énormes tas de charbon, explique Maulana.

Masques contre la pollution de l’air

Le camp n’est pas visible à l’œil nu d’ici. Mais de grandes taches noires sont visibles sur les images satellite. «Quand le vent vient de cette direction, c’est particulièrement poussiéreux», explique l’homme. L’Indonésien attribue à la poussière de charbon les plaintes répandues parmi les habitants : éruptions cutanées, toux sèches, crachats noirs.

Les habitants de Marunda vivent depuis longtemps une situation à laquelle de nombreux habitants de Jakarta sont de plus en plus confrontés aujourd’hui. La compagnie suisse IQ-Air a désigné Jakarta comme la ville où la qualité de l’air était la plus mauvaise à la mi-août. L’entreprise écrit que la qualité de l’air a considérablement diminué depuis 2017. Depuis des semaines, Jakarta est l’une des villes les plus sales dans l’air. « Malsain » est la catégorie dans laquelle l’air de Jakarta est classé presque tous les jours depuis mai. Le ciel au-dessus de Jakarta a une teinte blanchâtre, comme si vous regardiez à travers une vitre dépolie. Certains jours, la brume blanc-gris se transforme en un jaune-brun toxique dans les couches supérieures.

En raison de la pollution de l’air, les autorités recommandent désormais de porter à nouveau des protections buccales et nasales, qui avaient presque disparu à court terme après la pandémie du coronavirus. Environ la moitié des piétons qui marchent dans les rues ou qui descendent des bus et des trains sur les trottoirs de la capitale portent des masques. Comme jamais auparavant, l’air pollué façonne désormais la perception du public – d’autant plus que le président indonésien Joko Widodo s’est plaint d’une toux qui a duré des semaines. Si vous avez de l’argent, vous pouvez équiper votre appartement de filtres à air coûteux ou vous évader sur l’île de vacances indonésienne de Bali. La plupart des 34 millions d’habitants de la région métropolitaine ne peuvent se permettre l’un ou l’autre.