«Partout au Soudan, les civils sont confrontés chaque jour à des horreurs impensables dans le contexte de la lutte acharnée entre les FSR et l’armée soudanaise pour le contrôle du territoire», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty.
La guerre opposant l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, a déjà causé plus de 3900 décès selon l’ONG Acled, et a entraîné près de quatre millions de déplacés et de réfugiés, d’après l’ONU.
Le spectre de la tactique de la terre brûlée ressurgit
«Des personnes sont tuées chez elles ou alors qu’elles cherchent désespérément de la nourriture, de l’eau et des médicaments. Lorsqu’elles fuient, elles se retrouvent prises entre deux feux et sont délibérément abattues lors d’attaques ciblées», souligne Agnès Callamard.
De plus, selon elle, «des dizaines de femmes et de filles, parfois âgées d’à peine 12 ans, ont été violées et victimes d’autres formes de violence sexuelle de la part des belligérants des deux camps. Il n’y a pas d’endroit sûr».
Des attaques ont ciblé des hôpitaux et des églises, et les pillages sont systématiques. «La spirale de violence dans la région du Darfour, où les FSR et les milices alliées sèment la mort et la destruction, rappelle la tactique de la terre brûlée utilisée dans le passé, parfois par les mêmes acteurs», constate-t-elle.
Selon l’ONG, «de nombreux centres médicaux et humanitaires ont été détruits ou endommagés dans le pays (…) La plupart des cas de pillage (…) impliquent des membres des FSR. Les attaques délibérées visant du personnel ou des biens humanitaires, ainsi que des centres de santé ou des unités médicales, constituent des crimes de guerre».
L’ONU et la communauté internationale appelés à réagir
Amnesty International demande au Conseil de sécurité des Nations unies d’étendre à l’ensemble du Soudan l’embargo sur les armes actuellement en vigueur au Darfour, et de veiller à son respect.
«La communauté internationale doit augmenter considérablement l’aide humanitaire et les pays voisins doivent garantir que leurs frontières soient ouvertes aux civils en quête de sécurité», a déclaré Agnès Callamard. «Les pays ayant une influence majeure sur les parties en conflit doivent utiliser leur position pour mettre fin aux atteintes aux droits humains».
Enfin, Amnesty insiste sur le fait que «le Conseil des droits de l’homme doit (…) mettre en place un mécanisme indépendant d’enquête et de reddition de comptes chargé de surveiller, rassembler et conserver les preuves des violations des droits humains commises au Soudan».