Wiesław Kukuła, Journal du jeune monde, 10/08/2024

Certains se souviennent peut-être encore de la manière dont une conférence d’introduction avait lieu au début du semestre dans le grand auditorium de l’université concernée. Discussion principalement générale, sans rapport avec l’examen.

Le chef d’état-major des forces armées polonaises ne peut être accusé de tels bavardages académiques. Vendredi, lors de l’ouverture de la nouvelle année universitaire à l’Académie des Forces terrestres de Wrocław, le général Wiesław Kukuła s’est adressé à 1 000 aspirants-officiers et a immédiatement trouvé le ton juste : « Notre génération sera celle qui prendra les armes pour défendre notre État. Et je n’ai pas l’intention de perdre ce combat. » Notez le changement du pronom personnel de « nous » à « je ». Et encore au pluriel : « Nous mènerons ce combat et gagnerons, et ensuite nous continuerons à construire la Pologne. »

Le « continuer » est particulièrement bon. Seul quelqu’un qui n’a vécu la guerre que comme un jeu bac à sable peut parler ainsi. Ou quelqu’un qui voit la population de son « propre » pays comme une masse de fourmis, bonnes à rien d’autre qu’à reconstruire son « État » et à engraisser la prochaine reine. C’est ce qu’on appelle le patriotisme.

Cependant, devant ce sentiment exaltant de continuer à construire la Pologne, les dieux ont placé une autre difficulté : il n’y a pas assez de gens pour « prendre l’arme en main ». L’ennemi – ici les Russes – a un tel potentiel humain dans son armée que la Pologne ne peut éviter de réintroduire le service militaire. Bien entendu, la question cruciale demeure : quelle génération doit « continuer à construire la Pologne » si elle vient d’être épuisée ? Des questions auxquelles des généraux comme Kukuła répondent au plus tôt dans leurs mémoires.